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Jazz à Paris
12 juillet 2006

John Zorn Acoustic Masada - Bleu sur Seine - 5 juillet 06 (petite mise à jour)

Théâtre du Châtelet – 5 juillet 06
John Zorn (saxophone alto) – Dave Douglas (trompette)

Greg Cohen (contrebasse) – Joey Baron (batterie)

zorn___acoustic_masada_by_kim_scarborough
photo by Kim Scarborough

John Zorn se produit assez rarement en France ; son concert à Paris prenait donc un caractère d’événement. Cependant, malgré la satisfaction affichée par les organisateurs, il restait ça et là des places libres (pour cause de Mundial ?).

Le concert commence par ce qui m’a semblé être un thème que j'avais attribué, dans un premier temps, au jeune Ornette Coleman, avec un déferlement d’énergie peu commun *.
Dès les premières minutes, nous sommes cloués à nos sièges.
On retrouve les canons du free enrichis des modes de jeu de certains souffleurs défricheurs (comme Evan Parker).

Petite surprise : pour une enceinte rarement dédiée au jazz, la projection sonore au Théâtre de la Ville est remarquablement adaptée. Les sons se détachent bien (en photo, on parlerai de « piqué ») : on peut déguster pleinement la pâte sonore.

Après cette entrée en matière tonitruante, le groupe retrouve le chemin de l’esthétique (ou du format) Masada : une section rythmique à damner, certaines tonalités klezmer, une superbe collection de thèmes, une belle inventivité au plan du tissus sonore.

Le premier thème met en avant les deux souffleurs. C’est diablement séducteur, enivrant, mais le recours fréquent aux répétitions, prenant parfois le chemin de l’hypnose, empêche l’abandon orgiaque : c’est excellent, mais est-on venu pour écouter un giga Kenny Garret ?

Le héros du 2e thème aux couleurs Masada est Greg Cohen le bassiste. Superbes sonorités, puissance du jeu, ligne mélodique chantante. John Zorn et Dave Douglas réduisent le recours aux répétitions. Ils profitent de la magnifique assise basse – batterie, pour défricher les espaces sonores, le parcours musical étant balisé par ailleurs. C’est ce que faisait déjà Sam Rivers, il y a près de 30 ans, mais dans un cadre esthètique tout différent.

joey_baron_vossajazz_noLe 3e thème fait une large place à Joey Baron, et là, c’est la claque ! Puissance et subtilité, inventivité continue, utilisation intelligente du silence, sculpture de l’espace sonore : les mots manquent à rendre compte du plaisir inouï qu’il nous offre.

Au bout d’un cinquantaine de minutes de pure séduction, retour de l’esthétique d’Ornette, avec une rage juvénile rare, et là, un doute : seraient-ils en train de vouloir boucler le concert ?
.

Eh bien oui ! Après une déferlante sonore, ils saluent et quittent la scène. Un goût de trop peu pour le public, qui trépigne et demande sa dose de fix.

.

Retour du 4tet pour deux thèmes aux couleurs d’Ornette.  La fête continue mais il faut bien s’arrêter, n’est-ce pas ? Faudrait être raisonnable. D’ailleurs, John Zorn s'empare du micro pour un "... this moment, one for France !" Sous-entendu, chers amis frenchies, retournez à vos télés à présent.

Mais le public est insatiable ; il en redemande encore. Nos amis s’exécutent encore une fois avec deux thèmes Masada, dont une pure sucrerie, ce qui permet encore une fois de mesurer la simplicité géniale de cette démarche : appropriation d’une tradition musicale, rythmique inventive et chambardement à l’aide des dernières innovations esthétiques. C'est aussi vrai pour le klezmer que pour l'univers d'Ornette Coleman.

Allez, cette fois on se quitte ? Non non ! Le foot peut encore attendre. On en veut encore … et ils reviennent, avec Ornette dans leurs bagages.

zorn___spy

Au bout de 90 mn d’énergie musicale, on peut considérer qu’on a fait le plein, que nos accus sont bien rechargés. Les lumières de la salle s’allument : il est temps de partir, un 2e concert attend dans la même salle.
Rue de Rivoli, les trottoirs sont assez vides, pas encore de cris ni de drapeaux : une certaine France retient encore son souffle.


zorn___electric_masada_cd

* : Un post de samizdjazz rétablit les faits : il s'agit du thème Hath-Arob (Electric Masada).
La "couleur" free de cet album n'apparaît d'ailleurs que dans ce titre.
Il me faudrait retrouver les deux disques édités en leur temps par Contemporary pour tenter de me remettre les thèmes du très jeune Ornette dans les oreilles

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Commentaires
D
A Vienne comme à Paris, je vois qu'il y a le même rituel de showmen qui connaissent bien leur affaire.<br /> Par exemple, j'ai été étonné de les voir s'auto-congratuler.<br /> Question : est-ce Joey Baron a été aussi impressionnant qu'à Paris ?
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F
salut!<br /> <br /> bravo pour le descriptif.<br /> <br /> à vienne vendredi pareil,<br /> trois rappels et premier au bout de même pas une heure de concert!<br /> <br /> optimiste,<br /> ils savent tout de suite si leur concert a été apprécié et les gens partent sur le setiment d'en avoir pour leur argent!<br /> <br /> f
Répondre
D
Il est connu pour avoir joué avec d'autres ou il colle Zorn ?<br /> <br /> PS : je te divulgue un secret, la France a gagné ce soir là .. mais Shhhhhhhhhhhhhhhhh
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