Mingus Dynasty - Trabendo - 31 août 06
J’ai toujours une réserve lorsqu’un musicien ou un groupe se réclame d’une grande figure du jazz. A tort, probablement, l’inspirateur n’étant jamais seul pour produire sa musique. Il faut y voir une forme de respect sourcilleux et nostalgique, peu compatible avec le jaillissement continue qu’est le jazz.
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Cette barrière psychologique reste présente au début du concert, les comparaisons ont la vie dure. Puis l’évidence s’impose : ce groupe, Mingus Dynasty, a une vraie identité, une musique spécifique. Il reprend une part de l’héritage, en laissant de côté la sensibilité d’écorché vif de Mingus ou les dialogues inouïes entre ce bassiste et Dolphy : ils ne sont plus là, faut faire avec et écouter leurs disques.
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Mais cette dynastie est bien là ; il faut l’écouter sur scène. Elle a totalement repris à son compte la fougue mingusienne, le plaisir des palettes sonores.
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Son leader, Craig Handy (non, ce n’est pas un parent de John) au sax alto et à la flute, est un improvisateur remarquable avec son chant énergique et fluide, jamais à court d’idées.
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L’autre saxophoniste (ténor), le jeune Wayne Escoffery n’est pas en reste. On sent chez lui le désir de jouer et jouer encore, esquissant tel ou tel thème mingusien à diverses occasions, pendant les pauses, et assurant des solos impressionnants de sûreté et d’énergie. Il n’a pas encore de formation propre, mais il donne le sentiment que ça ne saurait tarder, avec une message musical propre.
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Alex Sipiagin, à la trompette n’a pas toujours cette belle agilité des deux sax, mais sa belle sonorité et son phrasé séduisent. Enfin, Frank Lacy (non, rien à voir !), avec son bandana de corsaire, m’a paru plus convaincant lorsqu’il chantait qu’avec son trombone.
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Une très belle section rythmique aussi avec George Colligan au piano, Donald Edward à la batterie et Boris Kozlov à la contrebasse.
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Boris Koslov et Donald Edwards
Le jeu de ce dernier attire inévitablement l’attention. Comment ne pas penser à ce que Migus aurait fait. Mais là, pas de problème ! Il n’a pas la rage du maître ; en revanche il joue avec un plaisir évident, avec un talent certain, une musique chantante, inventive. Il sait faire sonner ses cordes ; il en joue avec agilité, virtuosité par moments. Une vraie surprise. Un beau moment aussi lorsqu’il entame un duo remarquable de complicité avec Craig Handy, avec juste quelques ponctuations à la batterie de Donald Edward.
Très belle soirée au Trabendo.
Pour en savoir plus : www.mingusmingusmingus.com
Les photos ont été piochées sur le site : www.allaboutjazz.com