Milton et les frères Belmondo - La Villette 9 sept. 07
Milton Nascimento - caricature parue sur www.actobrasil.com
Soirée oecuménique ce 9 septembre 07 à La Villette : les frères Belmondo avec une formation de 12 musiciens accueillaient Milton Nascimento et un orchestre à cordes (l'orchestre national d'Ile de France, sous la direction de Christophe Mangou).
Rêver, réaliser une rencontre entre deux expressions majeures de la musique afro-américaine (le jazz et la musique du Brésil) recueille toute ma sympathie.
En revanche, l'invitation d'un orchestre à cordes, fréquentant habituellement le répertoire classique, suscite bien des réserves a priori.
J'ai toujours la crainte d'une recherche de caution du côté de la musique dite "grande" d'autant que dans le passé, cela s'est souvent traduit par un affadissement du discours jazzistique.
Et puis zut ! Le jazz est irrévérencieux ! Il est né dans le dénuement et la souffrance, et il en garde des traces.
Il n'a pas besoin qu'on lui décerne un certificat de qualité et de respectabilité.
On n'a pas totalement échappé à cette recherche de caution : deux "thèmes" du répertoire de la musique savante française ont été joué sur des compositions de Ravel et de Franck.
Je dois dire que sur le thème "L'organiste", fusion de deux pièces de César Franck, Stephane Belmondo nous a offert des accents rappelant les plus belles heures du label Blue Note.
Christophe Mangou, de son côté, a bien joué le jeu à la tête de son orchestre à cordes. Il s'est engagé pleinement dans le projet des frères Belmondo et a offert un bel écrin au chant de la vedette brésilienne.
Milton Nascimento - photo Roberto Cifarelli
Car soyons justes : la vedette c'était lui, Milton, ce bonhomme dodu, avec de belle lunettes et des dreadlocks impeccables, ayant besoin d'un assistant pour lui mettre en main un bandonéon ou une guitare.
Mais au-delà de ce folklore, quel musicien ! Il change de timbre et de registre selon les besoins du morceau et, quand il le souhaite (pas assez souvent à mon gré), il impulse un swing à son chant sans avoir besoin d'une section rythmique. Et que dire de ses thèmes ! Un kador ! Une pointe de scepticisme tout de même : ne s'est-il pas contenté de recycler certains de ses succès ?
Stéphane et Lionel Belmondo - photo Volume 12
Les frères Belmondo ont réuni d'excellent jazzmen : citons en particulier André Ceccarelli (soignement caché au fond, derrière les autres musiciens) et Eric Legnini, mélodiste à souhaits.
Eux-même ont mouillé la chemise avec le montage de ce beau projet et un coeur gros comme ça dans leur discours musical.
Visiblement, ils étaient émus. Emus et fiers d'avoir réussi à faire venir Milton Nascimento, de jouer avec lui sur leur musique, d'y associer d'autres jazzmen de France ainsi qu'un orchestre à cordes, de réussir leur soirée.
Oui, ce fut un bon moment de musique. On peut ne pas partager les choix esthétiques des frères Belmondo (c'est mon cas), mais leur engagement, leur amour de la musique étaient ce soir là évidents, communicatifs.
Ils étaient manifestement heureux. Le public l'était tout autant.
En nous quittant, ils ont annoncé la sortie prochaine d'un CD reprenant cette musique.
Ainsi prenait fin pour moi ce beau festival de la Villette, le plaisir au coeur.