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Jazz à Paris
8 juin 2010

Beauty is a rare thing, isn't it ? (par Philippe Larollière)

Une réaction à chaud sur un concert qui a marqué, publiée sur la liste du Fennec, sous le titre "Truc de ouf au MAHJ".
A la lecture, j'envisageais de demander à la publier, mais c'est parti sous l'empilement des choses à faire, toujours urgentes.
L'auteur avait eu la même idée, mais avec plus de suite dans les idées.
C'est à présent disponible sur ce blog.
Bonne lecture.


Radical Jewish Culture - Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (MAHJ) le 16 mai 2010.
1ère partie : « Book of Angels » par Sylvie Courvoisier & Mark Feldman
2ème partie : « Aleph Trio plays for Wallace Berman » par John Zorn, Trevor Dunn & Joey Baron

Feldman-Courvoisier ©DR
Feldman_Courvoisier__DRLa première partie du concert correspondait parfaitement au public (pour moitié) et au lieu. Peut-être y a-t-il des gens pour croire aux anges du « Book of Angels » de Masada, qui sait ? S. Courvoisier et M. Feldman sont d’excellents techniciens qui jouent bien ensemble (depuis longtemps).
J’aime beaucoup S. Courvoisier, très bonne pianiste au jeu clair et articulé, qui a fait tout ce qu’elle a pu au cours des années pour sortir de la musique contemporaine et classique, et vers quoi Zorn l’a impitoyablement ramenée.
Une réussite.

Nous l’avions vue assurer grave dans un set à The Stone (New York), avec le maître des lieux et Keiji Haino (un guitariste japonais électrique qui se met à hurler sans crier gare et fait beaucoup de bruit), au cours duquel elle pinçait les cordes de son piano mieux que n’importe quel interprète de John Cage.

Mais on peut, au « Book of Angels », préférer une (nouvelle) écoute de Bartok, Schoenberg, Gershwin, etc.
Zorn est (selon moi) peu intéressant quand il est programmatique.
Vous y croyez, vous, à une « musique juive » néo-classique d’aujourd’hui ?

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Seconde partie :
« Aleph Trio plays for Wallace Berman »
Zorn fait la même chose depuis plus de quinze ans, mais hier c’était (vraiment) exceptionnel pour plusieurs raisons. Je passe sur le caractère (trop) systématique de plages de swing alternées avec des montées en puissance collectives (ce qui est devenu la signature de Masada).

John Zorn - photo by Scott Irvine (2006)
John_Zorn___photo_by_Scott_Irvine__2006_Hier, la précision et la justesse de la partition – du cadre écrit dans lequel orienter par séquences le jeu collectif et/ou l’improvisation individuelle, sur le modèle des « Directions in music » de Miles Davis après 1969 – révélaient l’incroyable fluidité et la musicalité du montage des rushes de Berman. C’était magnifique par instants, comme si le modelé ou le relief de la musique préparait sans le savoir l’arrivée de telle ou telle image, ou de tel mouvement fugace dans une image, gestes, reflets de l’eau, course du chat, etc.
Parce qu’il ne peut jamais y avoir de coïncidence exacte entre la musique et les films projetés, sinon par accident, quand bien même la musique serait écrite et étudiée dans le voisinage le plus proche des films (sans en être, en aucun cas, une illustration sonore).
C’est du très grand art, un peu comme chez les meilleurs danseurs/chorégraphes ou peintres, car cela demande perfection technique et capacité d’improvisation au plus haut point chez les trois musiciens.

Ce qui était passionnant, c’est le retour de Zorn à la structure du 3+1 : une improvisation structurée en trio avec un « tiers » extérieur à la musique (ici, un film conçu comme « partenaire » du jeu à part entière, d’où l’exigence pour Zorn que la scène soit plongée dans l’obscurité).
Je ne l’ai jamais vu aussi libre et volubile ; et  je ne l’ai jamais vu jouer autant (de musique) dans un set si court. Il était (relativement) peu directif avec ses deux sidemen et la reprise de « Hath-Arob » (thème de Masada en rappel) est la meilleure que j’ai entendue jusqu’à présent.
C’est en fait son premier trio depuis, dans les 80’s, « News For Lulu », dont le « tiers » extérieur (ou troisième partenaire) était la figure de Louise Brooks dans le film de Pabst ; ne pas oublier que Zorn est d’abord un Allemand (contrarié), donc un Américain, et un cinéphile (contrarié).

Quatre remarques pour (ne pas) conclure.
1 / C’est beaucoup mieux en trio qu’en quartet avec Dave Douglas (le trompettiste de Masada), chaque musicien ayant plus d’espace pour déployer son jeu.
2 / C’est passionnant de voir Trevor Dunn (bassiste électrique venu du Rock et jouant avec Mike Patton) prendre la relève de Greg Cohen et devenir un grand contrebassiste acoustique, à qui Zorn laisse de la place et qu’il écoute jouer (son jeu rappelle parfois Dave Holland chez Miles Davis ou Michael Formanek chez Tim Berne).
3 / La longévité & la fécondité de la collaboration Zorn / Baron est bluffante : Baron, qui est un grand orchestre à lui tout seul, a été le batteur de (presque) toutes les formations de Zorn depuis 30 ans ; c’est chose très rare dans toute l’histoire de la musique improvisée ; leurs interactions sont é-nor-mes !
4 / C’est drôle la façon dont la continuité des plages de swing rappelle, au-delà de Miles Davis (par exemple la musique du film sur le boxeur, « Jack Johnson »), quelque chose comme « Caravan » de Duke Ellington ; on revient toujours à Duke Ellington, non ?

(Philippe Larollière)

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Retrouvez toutes les brèves de concert .

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Commentaires
B
Your blog is really helps for my search and i really like it.. Thanks a lot..:)<br /> <br /> book report writing
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B
It was a truly remarkable post! Thanks for sharing it keep it up
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Jazz à Paris
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