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Jazz à Paris
12 novembre 2013

Extension des Feux : Journal Intime + Ducret & Peirani

Journal Intime - Extension des feux - light

Journal Intime est un trio composé de Sylvain Bardiau (tp), Frédéric Gastard (sax basse) et Matthias Mahler (tb)
Si vous ne connaissez pas encore, il est plus qu'urgent d'en faire connaissance, par exemple en allant sur leur site : www.triojournalintime.com
Des sons et des vidéos de leur dernier CD "Extension des feux" vous y attendent.
Lire aussi quelques mots d'antan

Il s'agit d'un trio des plus surprenants, jouant dans la cour des grandes formations avec seulement trois musiciens. C'est qu'il y a là un très grand talent d'arrangement, de composition (de Fred Gastard), une science des alliages de timbres qui laisse pantois.
Ce trio s'est placé dans une filiation assumée au jazz et à son histoire, avec les chatoyances de ses pupitres de cuivres, ses couleurs, ses figures (Duke et Thelonious au sein de la Grande Campagnie des Musiques à Ouïr). On retrouve des riminiscences d'un jazz qui savait être somptueux ... avec les rugosités d'aujourd'hui, les déstructurations. Présence encore du goût du chant, des ponctuations, et oui, d'un swing certain.
Filiation aussi de Jimi Hendrix ? Je ne sais, je n'ai pas eu l'occasion d'entendre leur précédent CD, "Lips on fire".
Cela dit, tout leur travail est de faire chanter les matières, de les travailler, de les réinventer, pour produire de nouveaux mix de couleurs, pour titiller notre sensibilité ... ce qui est au coeur des musiques dites improvisées.
Cette formation nous conduit à changer radicalement d'écoute: une musique des matières, des granulations. Il y a bien des segments vaguements mélodiques, quelques répétitions et transformations, mais tout semble construit au service des sons, des couleurs, des timbres, des trames, du plaisir charnel des harmoniques des cuivres.

Pour ce nouveau projet "Extension des feux" (NCD4078), notre trio a choisi d'inviter deux pointures, Marc Ducret (g) et Vincent Peirani (acc).
Cela fait-il quintette? Pas toujours tant Journal Intime est soudé par une déjà longue complicité, tant leur couleur propre est prégnante. Mais ces deux invités là ont su accepter la gageure de cette proximité, sans exiger de place particulière lors de solos, ni de rôle attitré dans les pâtes orchestrales.
Et l'ensemble fonctionne remarquablement, l'écriture, probablement.

Trois suites d'environ dix huit minutes chacune : "Orage à tonnerre", "Chroïd", "Les 38 Lunes" (douce poésie des titres).
"Orage à tonnerre" se présente en trois parties assez différentes. Une premère en forme de drone à l'ambiance sombre, dont l'origine des sons est indéterminable. Un 2eme mouvement en forme d'écoulement lent, où les sonorités de Marc Ducret et de Vincent Peirani sont parfaitement fondues. Des jaillissements aussi qui lacèrent l'espace. Enfin, une 3eme partie marquée par un jeu époustouflant de Matthias Mahler (tb) et un très beau duo avec Fred Gastard (sax basse) avant l'entrée des autres musiciens.

"Chroïd" s'ouvre sur une énigme pour mes oreilles encrassées : qui chante au milieu des deux autres de Journal Intime , la trompette de Sylvain Bardiau ? le trombone de Matthias Mahler ? Va pour la trompette (ou un buggle ?), jouée d'une manière virtuose, avec des zigzags de coq sans tête, une science du trio qui est leur signature même, et une guitare qui sait rentrer avec l'humilité et l'efficacité d'un sideman (!!!). Et un final de Vincent Peirani souverain. Enfin, une 3eme partie très dansante, balancée, trés "Journal Intime". A chaque pièce, on est convaincu qu'il s'agit de la meilleure, avant l'écoute de la suivante.

L'amorce des 38 lunes est un bijou de duo accordéon - sax, une mix de couleurs complémentaires, une délicate harmonie de timbres. Puis une forme de dialogue entre Fred Gastard et les accords répétés des autres musiciens, nous entraîne dans un solo bouleversant, dans des suraigus qui font douter, avant le retour du duo basse - accordéon, et l'entrée progressive des trois autres instruments dans une séquence entêtante. Le second mouvement est un log chant d'accords, d'où émergent les miaulements exacerbés  de la guitare, des grondements du sax. Une pause puis un final lent, pour rappeler qu'il s'agit d'un orchestre dans la pleinitude de ses couleurs.

A la fin du disque, un silence nécessaire.

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Pour ceux qui se réfusent à cliquer sur les liens, quelques extraits sur Soundcloud :
(peut-être des difficultés sur Firefox)

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Journal Intime joue avec Jacques Higelin le mardi 26 novembre au Zénith, les 7 et 8 décembre à Noisiel (Festival Tout'Ouïe) et le 14 décembre avec leur deux invités au Triton : pensez à réserver.
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Retrouvez toutes les chroniques "CD etc.".

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