Henri Texier 30 ans à Maison de la Culture d'Amiens !
Un sextet composées figures marquantes du jazz de France. Qu'on en juge : Manu Codjia (g), Edward Perraud (dr), Michel Portal (cl, bandonéon), Thomas de Pourquery (sax), Henri Texier himselef et Bojan Z (p) (ordre alphabétique oblige; pas de préséance).
Après l'expo du thème "Skopje", un dialogue étourdissant et curieusement minaudant De Pourquery - Portal, ponctué par un Perraud en verve. Henri Texier s'y glisse puis un solo délié et inventif de Perraud pour nous faire déguster les sonorités de chacune de ses peaux. Manu Codjia entre alors dans la danse, mais c'est déjà "Mucho Calor". C'est un autre tube de Texier, qui, avec certaines amplifications, pourrait passer pour du métal le plus torride avec spots aveuglants et brumes artificielles. Mais ici, ce sont des gentlemen qui sont à l'œuvre, et tout change. Magie de la subtilité.
On l'attendait : Bojan Z. Quelle entrée ! Pour un thème tout de sensibilité, "Don't buy ivory anymore". Et Manu Codjia tout aussi délicat et lumineux. Un solo de contrebasse très mélodique ponctué de clochettes au piano. On y sent tout l'engagement et la douceur d'âme. On aimerait que ça n'arrête pas. Des gentlemen, vous dis-je. Le public exulte, évidemment.
J'envisageais d'arrêter là le parcours en mots de ces notes de musique, mais encore Bojan Z et Edward Perraud nous font revivre, les yeux un peu humides, les accents d'un jazz qu'on croyait oublié : "Barth's Groove". Portal nous fait tendre l'oreille à ses sonorités quasi érotiques et aux marges qu'il taquine, puis l'ogre doux et généreux, Thomas de Pourquey, nous emporte pour une danse irrésistible. Le maître revient avec ses cordes pincées aux sons amples. Des ponctuations au piano et d'autres à la batterie toutes de subtilité.
C'est dit, j'arrête là. Ça me démange, mais je ne dirais rien du solo introductif à la contrebasse des "vautours du Cambodge", ni du bandonéon émouvant du sieur Portal, ni du reste de l'album : à vous d'écrire la suite du rêve éveillé. Non, je ne reprendrai pas la plume même pour le calypso final, festif, exultant, étourdissant et subtil, au titre étrange "Noises".
Un vent léger soufflait en ce coin perdu et ensoleillé de Lozère où j'écoutais cet album anniversaire d'une longue connivence avec la Maison de la Culture d'Amiens. Un pur plaisir, emporté là.
Amour amour.
Des gentlemen !
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