Seikatsu Kōjyō Iinkai - Seikatsu Kōjyō Iinkai 1975
Cet album fait partie de la sélection de Takeo Suetomi, liste qui fait aujourd’hui référence et qui est disponible sur ce blog http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2019/09/19/37578065.html
À l’écoute, on ne peut que le comprendre. Cet album est un brûlot. Deux thèmes principaux et un petit souvenir avant de partir, pour la route, un « Not so long Don » de deux minutes pour vous le vriller durablement dans la tête.
Dans Stravizauls, à peine un curieux thème exposé à l’unisson au sax et à la trompette, avec un trait d’union à la batterie, et c’est une avalanche sonore qui vous engloutit. Le premier solo, au sax de Kazutoki Umezu, est presqu’enseveli par une section rythmique en pleine transe, transe que partage pourtant le sax. William Parker frotte ses cordes avec rage, ou les pince avec une énergie sans repos. Le sax s’égosille tant qu’il peut au milieu des roulements de Rashied Shinan (dm). Comme le thème est haché, son improvisation par moment reproduit cette scansion si particulière avant de reprendre ses tournoiements, ses vrilles vers l’aigu. Ahmed Abdullah n’est pas en reste lorsqu’il prend le trait pour une cavalcade furieuse qui aime à tutoyer les aigus, alors que la section rythmique trouve le moyen de rehausser encore l’intensité du flux. Le piano de Yoriyuki Harada qui paraissait presque sage, y trouve davantage sa vocation de percussion. Lorsque la trompette se tait, William Parker reprend le trait avec ses grands coups d’archet, incessants, accompagné par des ponctuations graves au piano. Retour des deux cuivres pour accompagner la basse avant le passage de relai au piano puis le retour du thème pétaradant. On finit ? Pas tout à fait. Encore une dernière orgie collective avant d’accepter de s’arrêter, comme à regret. Saisissant !
Après ces déferlantes puissantes et rédemptrices, il nous faut une accalmie. Une note grave au piano, quelques autres, timides, des silences. Les graves du piano s’enhardissent, deviennent nerveuses. C’est le début du thème le plus long, Kim. Un chant frêle à l’alto s’élève au-dessus du tapis de notes du piano, puis se renforce, s’affirme. La basse , la batterie s’en mêlent, l’excitation prend place, la transe s’installe progressivement. On retrouve alors toute l’énergie éruptive du Free, ses tempêtes salvatrices, l’inventivité nécessaire quand des règles sont abolies.
La trompette prend la relève dans les suraigus au cœur d’un maelström de frappes, de notes du piano, de coups de boutoirs de la basse. S’ensuit une forme de renaissance après cette catharsis. La trompette retrouve les graves et l’apaisement. Un chant lent vient fouiller les textures du métal. Des bourdonnements des cordes frottées, des chocs et roulements épars, puis la basse seule pour un chant mélancolique. Des roulements à nouveau, seuls, comme venus de loin, puis le groupe revient.
Cet album a toute l’énergie d’un free encore jeune, qui a tant de choses à dire, vite, comme si le temps allait manquer. Cette lave éruptive consume tout sur son passage. Un enthousiasme contagieux de part en part de l’album, une joie pure.
Les musiciens :
Kazutoki « Kappo » Umezu (as)
William Parker (b)
Rashied Shinan (dm)
Yoriyuki Harada (p, bcl)
Ahmed Abdullah(tp)
Les pistes :
Stravizauls (21:54)
Kim (23:05)
Not so long Don (1:59)
L'abum est référencé sur Discogs mais aucune vente n'est disponible:
https://www.discogs.com/Seikatsu-K%C5%8Djy%C5%8D-Iinkai-Seikatsu-K%C5%8Djy%C5%8D-Iinkai/master/1100519
Il faut donc rester à l'affût et en attendant une toujours possible réédition, on peut écouter l'album sur YouTube
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