Benjamin Duboc et Jean-Luc Petit au Bab Ilo (30 janvier 2020)
Pour voir l'album de cette soirée, il suffit de cliquer sur la photo (puis sur Diaporama)
Jean-Luc Petit et Benjamin Duboc travaillent ensemble depuis des années. Ils ont fouillé ensemble le registre des graves, l’un à la contrebasse, l’autre à la clarinette contrebasse. Bien des concerts ont été donnés dans cette formation. On en trouvera quelques exemples en bas d’article. Un CD a même été publié : This Is Not Art.
Outre l’exploration saisissante des ultra-graves par Jean-Luc Petit, ce qui caractérise son jeu c’est peut-être une fougue de tous les instants lors de ses concerts. C’est ainsi qu’on peut être interpellé par ses solos à l’alto, et peut-être davantage encore au sopranino, lorsque sa musique semble littéralement jaillir du groupe.
En duo, les choses sont différentes : il ne peut y avoir qu’un dialogue. Et nouvelle différence, ce soir-là au Bab Ilo, on pouvait entendre le saxophoniste au tenor. On quittait donc les tremblements de terre ultra graves.
Une fois encore, c’est le flot ininterrompu des deux discours qui saisit. Durant presqu’une heure, il n’y a eu aucun solo de l’un ou de l’autre.
Pour Jean-Luc Petit, ce fait est encore accentué par l’usage fréquent du souffle continu. Pendant certaines séquences, le sax n’était joué que sur peu de notes, voire une seule, les variations portant alors sur les granulations du son, la proportion de souffle, les éraillements sonores, les percussions, les claquements de bec, les balayages de l’anche devant le souffle, etc. Son art ne manque pas de vecteurs d’expression, d’autant qu’il sait jouer des nuances, des murmures. Et ce qui est recherché, au-delà du bonheur des irisations sonores, c’est une forme d’hypnose musicale, et la capacité à renouveler continûment son discours.
En ce qui concerne Benjamin Duboc, le son même de sa contrebasse, la manière qu’il a de la faire chanter, sont des plaisirs qu’il sait renouveler. On le sait, par ailleurs, très attentif à ses partenaires, aiguisant son écoute des autres et plongeant dans sa propre sensibilité. On retrouve ici sa vive attention mais pas les sollicitations les plus délicates de sa basse. Certaines de ses figures en effet, les caresses du balai, les frottements doux sur le cordier, les résonances, tout ce jeu au voisinage des bas volumes était réduit ce soir là. Les cordes pincées ou frappées, l’archet en percussion ou en frottements, telles étaient les principales ressources sollicitées, sans véhémence, souvent avec douceur.
Un extrait du concert :
Presqu’une heure d’un échange intense, sans temps mort, sans emphase. Le concert est toujours trop court avec eux.
On les retrouve ensemble, explorant les graves sur Bandcamp, et accompagnés de Makoto Sato au Bab Ilo, en 2016, cette fois JL Petit au sax alto. Peut-être un jour publierais-je d'autres extraits de ce duo, explorant les graves et ultra-graves.
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