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Jazz à Paris
27 février 2020

Masayuki Takayanagi playlist #3 par David Mittleman

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Masayuki Takayanagi est de ceux qui ont le plus influencé l’évolution de la musique créative au Japon. C’est pourquoi, David Mittleman lui a consacré une longue playlist, plus de trois heures, diffusée en trois parties. C’est aujourd’hui la dernière qui est diffusée. 

Elle ne comporte que peu de pièces, quatre, et encore pour certaines que des extraits, parmi les plus radicales : une en un duo incandescent avec Kaoru Abe, une en solo pour retrouver une femme seule, une en duo avec le bassiste Nobuyoshi Ino, et la dernière avec son groupe New Direction Unit (avec le même bassiste).

Sur la première, Kaoru Abe s’exprime longuement à l’harmonica, en alternance avec des déflagrations de la guitare. L’opposition des styles est ici exacerbée. Mais lorsque Kaoru Abe reprend le sax (7e minute) les deux discours convergent pour un free sans garde fou, fait de salves, de segments hachés, de cordes écrasées, de stridences pour l’un, de plaintes longues et de phrases hallucinées pour l’autre. Dans le dernier quart de la pièce, le discours de Takayanagi semble tout emporter, y compris la véhémence de Abe, dans un maelström intégrant bien des esthétiques de la guitare, d’alors et ... d’après. Le dialogue est bien plus équilibré dans la première pièce de l’album, furieusement free (voir plus bas le lien YouTube). Près de la moitié de cette playlist.

Lonely Woman - Lonely Guitar. Un thème repris par l’écorché vif, tout seul, par bribes de phrases pour en extraire tout le suc, pour dire sa dévotion aussi. Un discours un peu cubiste par moments, découpé au couteau par d’autres, toujours dans cette quête d’une révélation renouvelée, celle de cette beauté, une si rare chose .

Treize minutes environ inédites, un duo basse-guitare. Une dialogue dès l’abord intrigant, la basse en assurant l’assise. Mais à mi parcours, la guitare se fait fauve, menaçante. La basse se fait percussion, guitare, évoque le duo mythique de l’album Free Jazz, presque toute seule, Takayanagi lui laissant un bel espace. Puis il revient pour un dialogue serré où certains repères s’estompent. Une chansonnette reprise en boucle et c’est la fin. Il s’agit d’un enregistrement public inédit.

La dernière pièce est un extrait de l’album Eclipse, avec son groupe New Direction Unit. Ici, les deux esthétiques « Gradually Projection » et « Mass Projection » sont à l’œuvre, la première sur la face À, la seconde sur la B. C’est un extrait de cette dernière qui est proposé. Une séquence « pleine de bruits et de fureurs » dans laquelle les craquètements de Mori Kenji (as) arrivent à surnager, mais l’essentiel est dans la déferlante guitare-basse-batterie qui coupe tout espoir d’échapper à l’asphyxie, aux cris et stridences métalliques, aux martèlement cataclysmiques. On en sort exténué et tout neuf.

La musique à présent, suivie de sa chronologie :


La chronologie est la suivante :
1. Masayuki Takayanagi & Kaoru Abe / Untitled / 解体的交感 Kaitai Teki Kohkan / Craftman 1970
00:00:00

2. Masayuki Takayanagi / Lonely Woman/ Lonely Woman / Vivid Sound
Solo (1982)
00:28:50

3. Masayuki Takayanagi & Nobuyoshi Ino / Untitled / Live Feb. 8, 1991 / Unreleased
Takayanagi (g) & Ino (b)
00:40:45

4. Masayuki Takayanagi and New Direction Unit / Second Session (extrait)/ Eclipse 1975
Mori Kenji (as, fl), Hiroshi Yamazaki (dm, perc), Nobuyoshi Ino (b), Masayuki Takayanagi (eg)
00:53:37->01:07:23


Quelques compléments :
Kaitai Teki Kohkan : lien discogs et full album sur YouTube ;
Lonely Woman : lien Discogs ; les vidéos sur YouTube n'apportent rien de plus. En revanche, il pourrait être agréable d'écouter l'interprétation de l'un de ses élève, Otomo Yoshihide (48 secondes !)
Eclipse : lien Discogs ;
Il est possible d'écouter tout l'album en trois parties :
First Session I (Gradually Projection);
First Session II (Gradually Projection);
Second Session (Mass Projection). 

Quant à David Mittleman, on rappelle qu'il officie en principe tous les dimanches sur une radio de Tucson, Arizona, KXCI. Il y propose des playlists de près de trois heures (c'est son format de prédilection) autour de musiques "déviantes". Seules deux playlists sont écoutables, les plus anciennes disparaissant dans les brouillards numériques. Cliquez sur ce lien pour l'écoute. Pour suivre qui joue quoi, la chronologie est disponible sur Spinitron. En cliquant sur ce dernier lien, puis sur les dates de ses dernières émissions, vous aurez l'occasion de regretter de ne pas l'avoir connu plus tôt. Cependant, il est possible d'écouter (si vous ne traînez pas) une émission autour du Japon; trop tard pour l'émission autour de Rashied Ali. Dès dimanche, les brouillards viendront engloutir ce Japon là et laisser derrière eux de nouvelles surprises. Prenez l'habitude de ce rendez-vous de Tucson; c'est super.

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