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Jazz à Paris
16 mars 2020

Barre Phillips: The divine sound of emptiness … (Claude Parle)

 

Barre Phillips - Instants Chavires_11

 

Barre ne joue pas de contrebasse …

Il n’existe plus aucun instrument dans ses mains vides offertes aux vents …

Seul émane un souffle des troncs enfouis, des forêts hantées & disparues, dévastées, brûlées & pétrifiées …

c’est comme ce maître de Kyudo qui, quelques années après sa réalisation vit un jour sr une table un objet dont il ne pouvait se rappeler le nom : C’était un arc ! ! …

 

L’archet tendu il est comme Zingaro avec ses chevaux, il montre, l’instrument joue ! …

L’ombre du fouet suffit au cheval magnifique, le vent de l’archet cabre la basse …

 

Ensuite, c’est comme percevoir dans les nues un chant, les soirs d’orage …

On n’entends plus que les harmoniques et nos corps engendrent les notes qu’ils sécrètent tout en s’en nourrissant …

Cela devient, par le grâce des résonances, un orchestre de contrebasses, lui, elle & nous enliés aux mêmes chants, aux mêmes rythmes, aux mêmes scansions …

C’est une sorte de musique orientale, parfums rares, goûts d’arbousier et de bigarade en bouche, mais déjà l’impensable astronef a changé de galaxie, passage en vitesse lumière, on ne sent rien … Mais l’instrument s’est métamorphosé …

C’est devenu percussions … Barre fait sonner les peaux, ça claque, ça chuinte, ça rythme …

Puis insensiblement, en une sorte de galaxérissage, on ressent de nouveau la verve des cordes, voilà que ça grésille et vibre joyeusement, puis frénétiquement …

Ces cordes sont des histoires déhiscentes que la main du jardinier éveille et rend turgides, audibles au-delà du son …

Puis, de nouveau on entends le oud, puis le vent du désert, le chant éthéré des dunes …

Puis, sans aucun présage, un banjo détimbré, écrasé par la gravitation intense, ou bien terriblement distordu à l’horizon de quelque trou noir …

Puis le son revient, par bribes, par bouffées renversantes, par accès, par accords, par grilles sitôt jouées, sitôt oubliées …

C’est une musique de l’envie & une musique de l’oubli …

Impensable hapax …

Au commencement était le son … On s’approche, on s’enhardit puis, soudain, voilà que pauvres bêtes que nous sommes, ”épris au piège” ! ! …

On a beau piaffer grincer, rugir, taper des poings & des têtes, rien n’en sort …

Nous sommes devenus les lignes du bois, les crins de l’archet qui, de nos hennissements muets fait sa chair et ses sons …

C’est une trompe de brume zébrant les murs des fjords, scalpant les boréales aurores, qui de tomber, jamais n’en finissent …

C’est un immense et intense appel à la vie, à toute vie qui possiblement, en nous sommeille et que l’art chei *! ! …

 

Le mystère en fait tient à ce que dès qu’un doigt effleure une corde, toutes se mettent à vibrer, l’uni-son c’est sans doute cela ! …

Même le bois de l’archet chante, le pernambouc de son incandescent écarlate rameute tout son Brésil, ses forêts dévastées, ses folles teintures …

L’ambitus est tout à fait extraordinaire, parfois grincement de hunes soumises aux vents dont grognent les haubans, puis soudain, orgue de cristal dont Baschet n’eut point dénié la fraternité

Villanelle & fandango … ”La méthode est simple & belle” …

Ainsi qu’un Brassens emboisé une sorte d’être persiste à chanter, que l’archet tremble ou non, que les doigts courent ou non.

Quelque chose d’immense et qui tient du sacre est …

 

C.P

 

* verbe ”choir”, advenir, tomber

Barre Phillips aux Instant Chavirés le 5/02/2020

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Retrouvez toutes les brèves de concert .

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