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Jazz à Paris
4 mai 2020

Sweet Zee : Daunik Lazro, Toshinori Kondo, Tristan Honsinger et Jean-Jacques Avenel (Willisau 1983)

Daunik Lazro 4tet Sweet Zee

Lors d’un précédent article, nous avions évoqué un album doublement facétieux et néanmoins passionnant réunissant Toshinori Kondo (tp) et Eugene Chadbourne (g). 

Aujourd’hui, nous retrouvons le trompettiste avec la fine fleur de l’improvisation européenne : Daunik Lazro (as), Tristan Honsiger (vlc) et Jean-Jacques Avenel (b). C’est donc une formation assez originale avec deux vents et deux cordes, enregistrée en 1983 lors du festival de Willisau.

Dès les premiers instants de ce concert, on se prend à scruter les contributions respectives, et à frissonner de plaisir.

Le Daunik Lazro qu’on y retrouve a trente sept ans de moins. Ce qu’il n’a pas encore acquis dans le travail d’orfèvre du son actuel est compensé par une fougue sans complexe. Il ose tout dans une séquence free débridée, avec un rythme interne à ses phrases qui rappelle ... à chacun de le dire. Il trouve en Toshinori Kondo un compagnon de jeu, un garnement malicieux, déjà maître de son art et de ses fulgurances. Ce dernier adore se vautrer dans les vibrations métalliques les plus graves tout comme aller tutoyer un soleil suraigüe et lui crépiter des mots doux. Un chanté-parlé au sax pour y répondre, des interjections, des bribes de harangue, des véhémences auxquelles les deux cordes viennet se mêler avec punch. Naturellement les sons du sax prennent plaisir à déraper, dans une sorte de jubilation amusée.

L’idée de s’adjoindre deux instruments à cordes, un violoncelle (souvent à l’archet) et une contrebasse placés au centre comme pour séparer les sauvageons du cuivre, conduit à une richesse mélodique étonnante, le trait, les cadences passant de l’un à l’autre. Et naturellement, ces escarmouches ne peuvent se résoudre que sur le pré, en duo, cordes pincées contre cordes frottées. Dentelles follement impressionnantes d’un côté, bribes de chansons d’ailleurs de l’autre. Tout cela inspire ce feu follet à la trompette qui vient fureter partout, semer des braises là où il y a des brindilles. Le duo se fait trio, puis des caquètements de canard, et le trio devient quartette fou. Tout le bestiaire de la ferme passe à la trompette, même la voix du fermier. Toshinori Kondo choisit en effet de laisser de côté sa trompette pour un discours halluciné, alors que Daunik Lazro convoque le Bird, émet des claquements divers, se met à dialoguer avec le violoncelle et les cordes vocales de son maître (pas Daunik tout de même !). La trompette revient pour un début de chant martial avant de retrouver un certain jazz puis les vrilles ensorcelantes, alors que Tristan Honsinger double ses cordes avec sa voix ... 

Une Béguine hésitante puis affirmée en un duo trompette-basse dites-vous ? Ils sont rejoint par un sax qui chante et qui est comme pressé aux flancs par les deux cordes. Le public, d’abord interloqué, se prend au jeu et jubile, bruyamment.

Oui cet album est complètement fou et on n’en est qu’à moins de la moitié du set. Tristan Honsiger repart sur des cordes aux rythmes Caraïbes, poussé par la basse. Des percussions (sur les joues ?), des onomatopées qui surgissent de partout ... 

Je jette la plume ! 

Encore une fête. Quatre fous de musique qui lâchent la bride à leur imagination, à leur fantaisie, à leur talent, à leur sensibilité aussi. Car c’est bien ainsi qu’on retrouve vers la fin les deux archets dans un dialogue élégiaque devenant serré, intense même. La tentation de nouvelles danses pointe le bout de son museau dans un final étourdissant, les cordes étant rejointes par les cuivres.

Il s’agit là de l’un des disques de ce double album. Il a été mis en ligne sur YouTube à la demande de Daunik Lazro. C’est un cadeau qu’il nous fait. Profitons-en !


Cet enregistrement n’a pas été réédité, pas encore. Quelques exemplaires du double album sont disponibles sur Discogs

Les plus démunis peuvent quant à eux musarder sur Inconstant Sol.  Il faut alors chercher 1fichier dans les commentaires 

https://inconstantsol.blogspot.com/2008/01/daunik-lazro-sweet-zee-1985-hat-2010.html

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