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Jazz à Paris
1 février 2021

Nothing But Love, the music of Frank Lowe (Mahakala Music)

 

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Jeu de mot sur Lowe, à qui l’on doit toutes les compositions, et chant d’amour au Free. 

Le Free se fait ici totalement incandescent, en particulier grâce au sax de Chad Fowler, mais pas seulement. Le saxophoniste est totalement habité par ces thèmes, par une ferveur communicative comparable à celle des prêches noirs. Sans être à proprement parlé « churchy », on y retrouve la puissance du chant, l’énergie, l’émergence continue, le lyrisme débridé d’un David S Ware, les vagues successives qui mènent aux incantations, à la transe intense d’un Coltrane : il y a d'ailleurs deux versions de « In Trane’s Name ». Il se régale de sonorités éraillées, suraigües, enrouées, égosillées. Il ne se refuse pas les vibratos qu’il met au service du cœur du thème, pour en extraire son essence. 

Avec une telle présence, il est difficile, voire impossible d’affirmer un rôle leader au chant de Kelley Hurt. Alors elle se libère des contraintes, elle se déploie en parallèle, apporte ses accents, ses couleurs. Inutile pour elle d’exposer le thème. On la voit par moment sur la crête des vagues puis sa voix est emportée par les mouvements incessants du groupe. 

De plus,  Il y a en Chad Fowler une pulsation interne qui permet de libérer la section rythmique, qui ouvre des espaces aux trois musiciens.

C’est ainsi que le piano y apparaît parfois comme deuxième voix soliste portant le thème. Mais souvent il est comme saisi de folie, désarticulé, plaquant des mélodies déstructurées d’accords ou de guirlandes percussives. Il apporte cette fièvre de fête païennes, à la grandiloquence assumée, totalement expressionniste.

La basse et la batterie déversent le chaos, entretiennent la fournaise. En outre, la prise de son offre aux percussions d’Anders Griffen une projection sonore étonnante. Les baguettes, le métal, les peaux semblent éclore, surgir, depuis divers secteurs de l’espace. Par moments, cependant, il n’hésite pas à impulser un mouvement chaloupé, une séquence de rythme cubain. Enfin, le batteur prend crânement des solos de ... trompette, libérant un peu Chad Fowler de l’entretien du prêche.

Quant à Bernard Santacruz, il s’accapare assez souvent le devant de la scène, avec à propos, puissance, faisant percuter, claquer, résonner ses cordes ou les faisant chanter. Il est rythmique parfois, mais le plus souvent il est Free, pleinement, un brin bluesy, ce qui surprend un peu quand on connaît sa prédilection pour l’improvisation libre. 

Cet album est donc une fête. Il fait ressurgir l’effervescence du Free, ses jubilations mêlant le blues aux saveurs des transgressions, aux rugosités, avec une vigueur peu commune. Au-delà du discours continûment lyrique de Chad Fowler, aux envols de Kelley Hurt, aux grands écarts du clavier de Chris Parker, la basse et la batterie sont au cœur du réacteur de ce groupe, permettant l’émergence des multiples éruptions solaires qui imposent cette musique à nos oreilles.

Avec Kelley Hurt (voc), Chad Fowler (sax), Christopher Parker (p), Bernard Santacruz (b), Anders Griffen (dm, tp), Bobby Lavel (ts, piste 8)

L'album est disponible en format CD et digital. Un extrait de "In Tranes Name" ?

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