Les "Dolphys" d'or 2013
En lisant l'excellent Franpi et sa sélection de ses 10 meilleurs CDs, deux constats s'imposent :
- il sait choisir ses préférés (il en sélectionne 10 tout de même)
- j'ai chroniqué bien moins de disques.
Pour feindre la compétence, je pourrais dire que je ne chronique que la crême de la crême. Pas totalement faux compte tenu de ma paresse immense.
Mais surtout, en parcourant les chroniques depuis septembre, il devient évident que nous tenons là une superbe séquence musicale : ces dix enregistrements sont donc tous nommés "Dolphy d'Or".
- pAn-G : un étonnant surgissement des profondeurs télluriques ! coup d'essai, coup de maître et d'autres choses encore. Un peu le même coup au plexus que lors d'une première écoute de Ping Machine, bien avant leur consécration, ou que le choc du premier concert du Surnatural Orchestra auquel j'ai pu assister.
- Uranus de Jean-Louis
Ce CD procure un plaisir similaire à celui de retrouver une ensorcelante maîtresse. Toujours la même, toujours différente. Aymeric Avice est à coup sûr une figure des musiques actuelles.
Un nouveau 4tet, Sphaigne (la plante à l'origine des tourbières) :
Julien Favreuille tenor sax ; Aymeric Avice tp ; Benjamin Duboc cb ; Philippe Gleizes drums
Cela titille, n'est-il pas ?
- Extension des feux de Journal Intime : un trio exceptionnel de punch et d'invention. Et comme ils invitent Ducret et Peirani, le résultat laisse pantois. Un peu des passeurs, à l'image d'Eric Dolphy : un pied dans le free, l'autre dans la musique improvisée. Et comme dirait Panisse, un autre pied dans une écriture ciselée.
Inutile de dire qu'en direct, le temps passe très vite.
Un autre enregistrement de cette formation en préparation, un vinyle je crois.
- Samuel Blaser Consort in Motion "A mirror to Machaud". Ce CD nous prend à contrepied. On connaît le virtuose du trombone et ses rencontres qui signent la reconnaissance évidente des étoiles estampillées du jazz US. Là, il nous prend à revers en redonnant une vivacité cinglante à une esthétique d'un autre temps : le "Third Stream". Le jazz n'en finit pas avec ses lignées batardes, les plus belles.
Accompagné de Joachim Badenhorst (bcl, cl, ts); Dew Gress (b); Russ Lossing (p, Fender Rhodesq, Wurlitzer);Gerry Hemingway (dr).
- Ondes Primitives : Fred Marty, tout seul, sans effet électronique. La contrebasse et l'artiste. Tout seul mais avec la rage de faire à sa belle le plus d'enfants possibles, tous différents, tous pétris de sensibilité. Les disques en solo sont les plus risqués. Ils peuvent être les plus beaux.
- O.I.L de Noah Rosen et d'Alan Silva : deux américains à Paris, et non des moindres. Des fulgurances, de grandes fresques, de belles images sonores pour rappeler qu'à un tel niveau, les artistes ont toujours de quoi nous surprendre, nous séduire, nous faire oublier les réussites d'antant pour les gemmes d'aujourd'hui.
- ARBF et Hmadcha de Yoram Rosilio. L'intelligence du coeur et la vision d'un cousinage occulté entre noirs d'avant la déportation et musulmans. Et une fin d'enregistrement qui nous coupe le souffle.
Un nouveau CD en préparation, me semble-t-il, un enregistrement live d'un des concerts parisiens.
- La mémoire, de Didier Lasserre : une batterie restreinte, à l'ancienne, et un homme seul, au talent rare.
Emotion sublimée.
- Ping Machine "Encore". Tenue de cosmonaute oblige, leur voyage n'est pas près de s'arrêter. Une trajectoire toujours ascendante.
Un talent aveuglant de compositeur de Fred Maurin.
Une "phalange" de haut vol, enthousiaste.
- "The bill has been paid" : Steve Dalachinsky & Joelle Léandre. Deux figures encore. On croyait tout connaître d'eux : ils nous surprennent, et se surprennent l'un l'autre.
Un joyau de plus de Dark Tree.
Une Joelle Léandre exceptionnelle.
Si l'un de ces disques est absent de votre collection, il est plus que temps de réparer la chose.
Et s'ils y sont tous, en acheter pour offrir à vos meilleurs amis.
Lequel de ces 10 ?
Suivre ce lien : http://jazzaparis.canalblog.com/archives/cd_etc_/p10-0.html , et laissez vous porter au gré de votre humeur : ces disques sont tous très très bons.