Lockwood - Azzola - Vander RTL le 16 avril 2006

Jean Yves Chaperon nous a offert, ce dimanche 16 avril sur RTL, l’un de ces moments d’émotions fortes que procure souvent le jazz lorsque la magie de la scène opère.

L’invité était Didier Lockwood au sein de trois formations, une pour chaque set.

Pour le premier set, il était entouré de vieux complices de Stéphane Grapelli (Martin Taylor au piano et Jean-Philippe Viret à la contrebasse) … et de Marcel Azzola. Trois thèmes, des valses dont « La javanaise » de Serge Gainsbourg, m’ont très agréablement surpris : une musique qui coule de source. En particulier, le jeu de Marcel Azzola (« le monstre de l’accordéon » selon Lockwood), tout de sensibilité, de musicalité fluide, avec, parfois, quelques notes non jouées mais suggérées. Bonne idée que de l’inviter dans l’univers du jazz : il y a toute sa place.

Le deuxième set avait pour but de faire entendre un jeune musicien de 17 ans que D. Lockwood connaît depuis qu’il avait 4 ans, Thomas Enhco, son beau-fils pianiste. Le thème choisi, Spain je crois, de Chick Corea (magistralement interprété par Al Jarrau), avec ses brisures rythmiques multiples a ouvert un boulevard au jeu virtuose de Lockwood. Il faudrait peut-être écouter Thomas Enhco dans un univers plus intimiste pour mieux apprécier les notes qu’il égraine.

Le troisième set, quant à lui, a tout balayé. Entouré de Christian Vander, de Jannik Top (basse) et de Dimitri Naïditch (piano), D. Lockwood nous a offert un hommage à John Coltrane, en peu en écho à celui de Christian Vander lors du festival de jazz à La Villette à la fin 2005. Le jeu du violon ne se contentait pas de se saisir de thèmes coltraniens mais bien d’en parcourir l’univers. Certes, il est bien difficile d’atteindre la magie du grand John, mais cet hommage fut de bonne tenue, pour une grande part, grâce au jeu e Christian Vander. Lors de son premier solo, son jeu explosait malgré un son toujours un peu écrasé à la radio : un beau moment d’émotion. Sur le 2eme thème, D. Lockwood nous a produit une introduction aux sonorités virtuoses puis, comme parfois entre Trane et E. Jones, un duo torride avec le batteur : une parfaite osmose entre deux musiciens, avant le calme retour au thème.

Didier Lockwood est apparu comme un musicien généreux, sensible, aimant partyager ce qu’il sait avec les jeunes générations. Son jeu ouvert sur différents styles de jazz (de Grapelli à Coltrane en passant par Chick Corea et Gainsbourg). Un regret, peut-être : son recours de temps à autres à la répétition de courtes séquences musicales : il ne faut y voir là que le rabâchage de l’obsédé de l’innovation musicale que je suis.

A noter le spectacle (concert, danse, etc.) à l’Olympia de Didier Lockwood le 25 avril 2006 à l’occasion de ses 50 ans.

A noter aussi que Christian Vander se produit du 19 au 22 avril au Triton, dans une salle bien plus petite mais terriblement accueillante.

Très belle soirée offerte par RTL et JY Chaperon. Thx !