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Jazz à Paris
21 septembre 2021

Phil Gibbs, Dominic Lash, Jean-Michel Van Schouwburg : « Overlapping Layers »

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On apprend sur le site du label Intrication [1] que le nom de l’album est celui d’une œuvre, illustrant la pochette, d’un « peintre hongrois, Sándor Györffy, faite de bandes rectangulaires horizontales et de cercles imbriqués autour de trois couleurs … une métaphore imagée des trois courants sonores individuels au sein d’un trio guitare - contrebasse – voix, complètement improvisé. ». La curiosité pousse à savoir ce que peut bien signifier la suite du titre, « Síkeltolódás » : tout bonnement « changement d’avion » en hongrois selon Google. Abîme de réflexions en perspective. 

On ne sait si c’est l’œuvre elle même ou le titre qui a d’abord retenu l’attention de Jean-Michel Van Schouwburg. On sait qu’il aime jouer avec les mots, leur sonorité ou les télescopages. Il propose par exemple de retarder les arriérés, de tacher les nuages, d’imaginer un détroit sans ferry et d’autres titres encore comme tremplin à l’imaginaire. Ce tropisme est comme souligné par le texte collage du CD dû à Adam Bohman.

Il est accompagné de deux cordes : une guitare électrique et une basse. 

Au début de « Beaver’s steres », Phil Gibbs [2] fait sonner sa guitare un peu à la manière d’une kora , les deux mains pinçant les cordes, dans une sorte de tourbillon hypnotique, puis semble oublier l’électricité pour des accords métalliques dissonants, dans une série d’échanges amusés avec le chanteur. Il continue tout l’album durant à tournoyer entre mitrailles électriques, dissonances métalliques, quasi kora, vibratos amples et autres inventions de son cru dans une sorte de jubilation joyeuse.

Cordes obligent, la basse de Dominic Lash [3] est souvent à proximité de la guitare, nous forçant à aiguiser notre écoute. Il y ajoute de grands coups d’archets, des percussions sur les cordes, le bois. Parfois il glisse quelques effluves fugaces d’un blues lointain. Les deux instruments à cordes s’offrent par moments des duos saisissants, mais encore une fois, c’est l’interaction avec le chanteur qui semble dominer. La basse provoque, accompagne, relance. Elle aussi s’amuse. 

Le plus souvent, en effet, les cordes mettent au centre de leurs ébats le chant de Jean-Michel Van Schouwburg [4]. Ce dernier nous surprend par l’extraordinaire plasticité de sa voix, par l’impermanence de ses registres. Il ne s’installe pas, il virevolte avec humour, tournoie autour de ses deux amis. Par moments, il semble évoquer un opéra grandiloquent, inconnu bien évidemment, pour partir aussitôt vers des murmures qui deviennent miaulements, vibratos, grondements, bavardages, déclaration péremptoires mais indistincts, babillages, éclats … Les mots ne suffisent plus.

Cet album est un moment de plaisirs, une rencontre ludique. Il nous rappelle que le chanteur, bien que belge, fait aussi partie de la mouvance des improvisateurs britanniques, de cette scène particulièrement innovante. 

 

[1] Overlapping Layers sur le site du label Intrication https://labelintrication.wixsite.com/label/overlapping-layers

[2]  Quelques mots à propos de Phil Gibbs https://www.freejazzblog.org/2017/02/philip-gibbs.html?m=1

Peut-être écouter un précédent enregistrement en duo avec le chanteur https://orynx.bandcamp.com/album/stringing-the-bridge-over-the-air

[3] Biographie de Dominic Lash http://dominiclash.blogspot.com/p/dominic-lash_5.html?m=0

[4] Jean-Michel van Schouwburg : entretien https://www.citizenjazz.com/Jean-Michel-Van-Schouwburg.html

Et son site aux chroniques très fouillées https://orynx-improvandsounds.blogspot.com/?m=1

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Retrouvez toutes les chroniques CD etc

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