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Jazz à Paris
29 octobre 2007

Gospel according to Al Green - 27 oct. 07

Al Green - photo Dwight McCann
Al_Green___photo_Dwight_McCann

Peu habituel de chroniquer un film dans ce blog ou de parler de soul et de gospel (on ne peut tout couvrir).
Mais la Cité de la Musique programmait du 25 au 28 des films et des concerts sur le thème "When the saints" : ce n'est pas si fréquent. La salle n'était d'ailleurs pas comble.
Cela commence par quelques notes égrainées sur une guitare et notre Al nous parle de ses débuts, de la manière dont son style s'est progressivement affirmé.
Il est saisissant de voir un soulman progresser ainsi, passant de ce qui est devenu aujourd'hui des clichés musicaux à un chant nécessaire. Voir aussi combien il a intégré, développé tout le savoir-faire du showman aguerri.
A la fin de la première moitié de ce film, la magie Al Green opérait. Dans la salle, ça riait (car le bougre a un sacré humour), ça claquait aussi des doigts. Il dit avoir chanté avec James Brown : on devine pourquoi cela fut possible tant l'énergie de l'homme est au rendez-vous.
Puis, comme dans une dramaturgie bien règlée, une histoire de couple, un "incident" comme il dit (qui a tout de même coûté une vie), lui fut l'occasion d'un retour aux fondamentaux US : il devint "born again". Dieu l'a visité, l'a habité d'une joie lumineuse ...
J'arrête là; vous pourriez me croire faire du prosélytisme ! Vade rétro ! Non, non ! Je suis un pur cristal de mécréance.
A l'américaine, il se pose des questions fondamentales : peut-on chanter dans les clubs en semaine et prêcher le dimanche ? Que peut-on faire, devant un parterre de gens ayant chacun déjà fumé trois ou quatre joints et bu force whiskies et Martini, étant accompagnés de la "femme de leur voisin" : Jésus attendra dimanche. De plus, faudrait-il abandonner les millions de dollars, les femmes ... ?
Puis c'est le grand saut. Toujours à l'américaine, il achète une église en 1976. Il décide de prêcher dans les trois jours. Il attendra quand même deux semaines puis devient
pasteur du Full Gospel Tabernacle (ah ce nom !).

Et là, le film bascule.
On reste dans l'église jusqu'à la fin du film (ou presque).
Assister à la cérémonie, entendre des paroles qui ailleurs feraient sourire : ici le public et Al Green sont réunis dans cette ferveur incroyable en Europe.
On est saisi parce qu'on sait bien que c'est là l'une des sources du jazz, l'une des composantes intimes de notre culture. Le showman est toujours là, il sait être en osmose avec son public, mais c'est l'impérieuse nécessité qui l'emporte. Le soulman paraît bien loin. Le chant de Al Green est habité, la transe est contagieuse.
Le générique se déroule ... mais le film n'est pas fini. On retrouve Al Green, au calme. Quel avenir ? Il veut être le plus grand évangéliste de la terre, voyager à travers le monde pour porter la parole du christ ... pour en rigoler aussitôt.
Un excellent moment de cinéma.
Please, Arte ou Mezzo, programmez ce film !

Gospel according to Al Green : film de Robert Mugge (USA; 1984; 94 mn)

Depuis 84, les choses on un peu changé. Al Green refait des disques de R&B. Il est passé à Paris au Rex en juin dernier. A ne pas rater s'il repasse.
Pour en savoir plus, un bon article sur Wikipedia.

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