Benjamin Sanz et ses amis américains
Ce jeune musicien joue très souvent
avec la
crème des artistes noirs américains, alors qu'il est à peine connu en France et
qu'il n'a pas encore publié de CD (il remédie à ça bientôt); d'où l'intérêt
d'en savoir plus sur son itinéraire.
J'ai commencé à jouer avec des gens de la scène parisienne, comme Matthieu
Jérôme, Arnaud Moulin, Maxime Delpierre.
J'étais en contact avec des gens qui m'ont bien influencés comme le batteur
Philippe Gleize.
On jouait dans les squatts parisiens, notamment "Les
Falaises" qu'on a ouvert avec le collectif "Wax" et à d'autres
endroits comme le Studio des Ilettes, ou des squatts artistiques comme le Magic
Palace Hôtel ou le Théâtre 347.
Quand ces lieux ont
fermé, j'ai senti le besoin d'acquérir une pulsation forte.
J'adorais les sons
et la créativité de la musique improvisée, à laquelle je suis toujours attaché,
mais j'avais besoin de groove.
Il passe son temps
autour du monde. Il tourne tout le temps; il enregistre tout le temps; ça fait
30 ans que ça dure. C'est quelqu'un d'assez exceptionnel.
Je me suis trouvé à
jouer avec lui, parce qu'il animait une fête de quartier devant un café, à
Paris. Il y avait Rasul Siddik à la trompette, Raymond Doumbé à la basse, le
grand Mokeit Van Linden, etc. Ce n'était pas un groupe, c'était une réunion. Il
y avait beaucoup de musiciens, mais il n'y avait pas de batteur. Moi, je
passais par là. On se côtoyait depuis quelques temps mais sans vraiment
communiquer. David Murray savait que j'étais batteur. Il m'a dit "You're
drummer, come, bring your drums" et là j'ai couru vite fait à mon local et
j'ai ramené un tom basse que j'ai mis en grosse caisse, une caisse claire, une
charley, une cymbale ... et j'ai commencé à jouer avec eux, et faut dire que ce
jour là j'ai bien joué. David Murray a été emballé, et depuis, tous les deux mois,
quand je le croisais, il me disait "I'm gonna make you work".
Et il l'a fait.
Bobby Few m'a appelé, il n'y a pas longtemps, pour le concert aux 7 Lézards :
c'est l'un des plus beaux concerts que j'aie fait. C'est Rasul (Siddik) qui lui
avait donné mon numéro. Il ne m'avait jamais entendu. C'est le bouche à oreille
qui joue, oui.
Avant je travaillais
beaucoup mais je ne savais pas trop où ça allait me mener. En fait, il faut
travailler pour être prêt pour le jour où l'occasion se présente de montrer ce
qu'on peut faire ...
Sunny Murray c'est
l'un de mes maîtres.
C'est l'une des
toutes premières personnes que j'ai rencontré quand je suis arrivé à Paris. Il
m'a énormément appris, musicalement, sur l'histoire. Il m'a aussi appris à
avoir un esprit critique.
Il a joué récemment
avec les plus grands musiciens du free, c.a.d. la musique des noirs américains
de la fin des années 60 jusqu'à maintenant. Il y avait Henry Grimes, Sabir
Mateen, Rasul Siddik, Sonny Simons, Bobby Few, il y avait toute la bande de
Philadelphie etc. ... des gens qui comptent énormément dans l'histoire du jazz.
A la réflexion, mon
but initial quand j'ai décidé de jouer du jazz, c'était ça : jouer avec des
grands musiciens.
Mes musiciens
préférés à Paris, je joue avec.
Et mes musiciens
préférés à New York, il se trouve que je joue aussi avec.
Mais qu'est-ce qui
m'a amené à tout ça ? Ben c'est l'amour.
J'aime les gens,
j'aime la communication. En concert, faire jouer les autres, ça n'a pas de
prix, aujourd'hui.
C'est un produit
intérieur. Ce n'est pas un produit intérieur brut, c'est un produit intérieur
doux.