Joelle Léandre - François Houle : quelques images (19 avril 2012)
Les concerts à domicile du cycle "Jazz @ Home" sont de ceux qui marquent l'encrage de la musique improvisée sur la scène parisienne. Avec ici une constante : le lien puissant entre cette musique et le Free Jazz, et des figures navigant de l'un à l'autre en faisant fi des classifications (Sabir Mateen et Emilie Lesbros, Henry Grimes et Benjamin Duboc, etc.).
Autre dimension de ce cycle : la convivialité, la proximité. On y vient, en effet, aussi pour retrouver des amis, des gens de connivence, avec qui on partage nos coups de coeur difficiles à évoquer dans le grand ailleurs, tout en partageant, ce qui ne gâte rien, petites mises en bouches d'après concert (des hôtes aux petits soins).
Proximité avec les musiciens aussi. Il est facile d'échanger avec eux; de plus nous sommes très près d'eux physiquement, parfois à peine un métre nous sépare, ce qui permet de savourer pleinement l'épanouissement des sons, leurs vibrations intimes. Enfin, dans l'assistance, on voit souvent des musiciens venir écouter en connaisseurs.
Petit changement bénéfique pour tous : une contribution fixe aux frais, versée aux musiciens.
Et ce concert de Joelle Léandre ?
Ce soir là, l'appartement était bondé. La rencontre avec François Houle est déjà dans les oreilles du public, grâce au disque "Last Seen Headed" (en compagnie de Raymond Strid : Ayler Record AYLCD-096).
Parmi le public, deux bébés (pas un cri) et une fillette. Cette dernière quitte sa maman et s'approche à quelques centimètres à peine d'une Joelle Léandre interloquée et amusée : une attention soutenue, sérieuse. Une fine oreille déjà.
Et la musique ? Les souvenirs s'estompent, n'ayant pas enregistré de séquence au moins à titre de prise de notes. L'impression qui demeure c'est que le concert fut excellent.
Un François Houle très concentré sur son instrument, aux matières sonores mouvantes, complexes, découplant souvent sa clarinette pour en extraire des sonorités inattendues : on en arriverait à aimer l'instrument pour lui-même.
Quant à Joelle Léandre, elle fut comme à son habitude très à l'aise, sûre des infinies couleurs de sa palette sonore, y ajoutant comme de juste ses grognements, ses vocalisations ou ses babillages poétiques pour un public d'emblée conquis.
Mais quelles autres traces de cette musique ? En attendant la mise en ligne de l'enregistrement vidéo du concert sur le site de Jazz @ Home, je me suis offert un retour sur le disque paru chez Ayler Records.
Je ne l'ai pas chroniqué (à tort), mais avec les traces mémorielles de ce concert, il prend de l'ampleur, comme s'il fallait d'abord que les vibrations en direct, que le spectacle des musiciens en création, viennent préparer nos oreilles, notre sensibilité.
Et comme promis, quelques images.
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Si vous n'y étiez pas (et même si vous y étiez), vous pouvez déjà lire des chroniques et commander ce disque.