Les arbres, leur cîme et la magie de l'instant

"Pourtant les cimes des arbres…" : un superbe enregistrement du trio Lazro, Duboc, Lasserre, reconnu à juste titre par les critiques ... mais peu de concerts de cette formation.
Paradoxe ? Peut-être pas : on peut s'avouer qu'on tient là quelque chose qui tutoie les sommets et craindre que ce discours n'attire qu'un public restreint.
Sa radicalité en serait la cause ? Peut-être. J'avoue pour ma part écouter ce trio avec la plus totale des innocences, dans l'abandon.
On se laisse alors embarquer par la richesse des timbres, des matières. Les savourer, se laisser surprendre. Fermer un instant les yeux lors du concert, pour perdre ses repères, pour ne plus reconnaître totalement l'origine des sons, avec ce va et vient entre réalité physique de la scène et abstraction de l'imaginaire.
Musique improvisée ? Oui, bien sûr. Mais aussi, parfois, une sorte d'arche entre cette musique et des accents antérieurs, ceux d'un certain free jazz, avec cette totale déstabilisation lorsque jaillissent des échos lointains.
C'est une alchimie délicate, avec des bifurcations inattendues, des jaillissements comme des pépites de Blaise Cendrars, fulgurantes.
Tout cela est dit par les musiciens, dans cette interview* de la Fabrica'Son . Interview faite en amont du prochain concert à Malakoff de ce trio (le 24 février).
"Attention ! Musique rare et inédite. Ces trois magiciens du son créent une véritable poésie sonore empreinte de douceur, de matière brute et de mystique sauvage. Leur invitation à un voyage intérieur autant que collectif n'est pas exempte de danger. Mais ceux et celles qui se laissent porter et partir vers ces cimes ou ces gouffres inconnus, tour à tour apaisants et inquiétants, s'en souviennent longtemps."
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* Merci à Joan Combat de l'avoir signalé.