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Jazz à Paris
4 février 2014

Acapulco, de Julien Desprez

Julien Desprez Acapulco

Acapulco est un disque singulier à maints égards.
La forme tout d'abord. Trois morceaux pour un total de 18 minutes environ. Je crois que c'est le CD le plus bref que j'ai pu écouter.
Ensuite, c'est l'occasion d'entendre Julien Desprez en solo, alors qu'il joue le plus souvent au sein de groupes (voir sa discographie). Et à l'écoute de ce disque on mesure le retrait qui est le sien dans ces configurations, y compris lorsqu'il joue en duo.
Jouer sa propre musique devait bien arriver un jour, mais là, en solo, c'est le grand saut.
Dans la première pièce "9Q", on pouvait s'attendre à des sonorités de guitares aux stridences rocky, des dérapages dans les suraigus, et nous voilà plongés dans une électroacoustique brutale, aux sons sales, des silences comme des gros blocs de silex dans des matières composites. Une plage de calme relatif à mi-parcours, une trame faite de crépitements ténus, allant grossissant pour devenir vrombissements métalliques contenus mêlés de saturations dans les graves. Une surprise totale.

Une atmosphère sombre, des matières rayées de sons graves, aux textures complexes. Une coulée puissante, inexorable, quelques stridences ... Bow est une sorte de respiration hypnotique, un pendant primal, sauvage, à un certain "Tremblement de Terre ..."

AFR commence par ... des ruptures, des apnées irrégulières. Puis le chaos se libère. Quelques séquences répétées en guise de substituts de motifs, des déformations ... et un arrêt très brutal.

Ce disque est un vrai choc. Une très belle oeuvre, très brève certes, mais remarquable.  Une plongée au sein de notre propre imaginaire, dans nos recoins les plus sombres, les plus intimes, les plus rugueux.
"Une quintessence de l'expression inscrite dans la pureté tellurique de son "brut" ... La musique semble se jouer elle même, à l'instar d'une physique quantique abandonnée par ses observateurs"
(Edward Perraud)

Julien Desprez : guitare électique
Simon Henocq : enregistrement, mixage et mastering.
La sortie d'Acapulco aura lieu le mercredi 12 février 2014 à la Dynamo de Banlieues Bleues, à Pantin.

Une autre chronique, celle de CrissCross, qui relègue "American Tabloïd" de James Ellroy au rang d'une aimable bluette quant aux causes de l'assassinat de JFK et du rôle d'Elvis.
Une petite dernière (et ce n'est pas que du copinage), celle de Franpi, où il évoqueau passage  des bombes à fragmentation.
En vérité, je vous le dis, ce disque est un brûlot.

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