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Jazz à Paris
6 septembre 2021

Choi Sun Bae 4tet « Arirang Fantasy » (No Business Records)

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Voici une bombe à fragmentation assemblée en extrême orient, par deux coréens et deux japonais. C’est un quartette réuni par Choi Sun Bae, trompettiste qu’on a pu écouter avec Itaru Oki dans le magnifique « Kami Fusen » [1], album publié par le même label No Business Records, à suivre assurément.

Une musique libérée de toute bonne manière, un Free intégral, sans référence à la mère patrie, la great Black music, sans thème ni pulsation régulière, fouillant les tripes des matières sonores, et pour qui le mot « urgence » semble être fait. 

Il faut dire que cette petite formation est menée par un fou des sons hors de tout souci de joliesse, de mélodie. Chaque phrase propulse des salves tranchantes, qui laissent apparaître les secrets intimes des textures. Des lacérations, des grincements éjectés par un souffle qui donne tout ce qu’il a. Quelques moments de relative accalmie permettent des grommellements, des murmures éraillés, tout un vocabulaire hors de l’académie.  

Cette musique convulsive sait cependant être lyrique, proposer des bribes de quasi ballades qui nous plongent dans les circonvolutions de l’affect du trompettiste. 

Ce versant est particulièrement présent dans la première moitié de « Remember Bird », un hommage  aiguisé, sensible rendu par les deux souffleurs. Une sorte d’élégie en duo, loin du jeu craquelé, nerveux, torturé de Jinji Hirose tel qu’on peut l’entendre, par exemple, en solo [2]. Ensuite, le dialogue se crispe. Il est alors fait de brèves salves, de phrases courtes à la limite de l’interjection, dans une sorte d’ivresse où chaque échange permet de se libérer encore davantage.

Sur le site de NoBusiness Records, Motoharu Yoshizawa est présenté comme seconde tête d’affiche. Rappelons que le contrebassiste est l’un des acteurs clés de l’émergence d’un free nippon. Il a joué avec tous les acteurs de cette explosion du tournant des années 70, ainsi qu’avec des acteurs majeurs occidentaux. Ici, il laisse son instrument de prédilection pour une basse électrique verticale qu’il sollicite souvent à l’archet. Dans une étrange danse qu’il initie avec la trompette dans « Blue Sky », il rappelle quel formidable créateur il est, ouvrant des abysses, faisant trembler les cordes, le bois … et notre corps, stimulant radicalement notre imaginaire.

Enfin, l’autre musicien coréen est le batteur Kim Dae Hwan. Son jeu est fait de frappes discontinues, parfois de martèlements qui font songer à ceux sur un taiko, sorte de gros tambour japonais. Il s’offre aussi un pièce en solo, « The Stream Of Time ». Il a déjà joué avec le bassiste, en particulier dans l’album paru chez ChapChap [3]. Ici il est en totale osmose avec le trompettiste : peut-être la fréquentation de mêmes scènes.

C’est un album produit par l’infatigable patron de ChapChap, Takeo Suetomi. 

Nobusiness Records publie ici un concert de 1998, une musique éruptive, et continue ainsi de nous présenter ce jazz d’extrême-orient radical, effervescent, plein de sève. 

Je vous suggère l’écoute de la dernière pièce, la seule réunissant les quatre musiciens. 

Choi Sun Bae (tp), Junji Hirose (ts,ss), Motoharu Yoshizawa (electric vertical five-strings bass),  Kim Dae Hwan (perc)

 

[1] Chronique de Kami Fusen http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2019/11/07/37749152.html

[2] Jinji Hirose https://youtu.be/AUT8-atwfyk

[3] Okidoki : Motoharu Yoshizawa avec Barre Phillips et Kim Dae Hwan. https://motoharuyoshizawa.bandcamp.com

 

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