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Jazz à Paris
15 décembre 2007

Au Bistot 33 avec B. Sanz, E. Dawkins et leurs amis

Ernest Dawkins le 14 dec. 07 au Bistrot 33
07_12_14_02_Dawkins

Le Bistrot 33 de Montreuil (33 rue Désiré Préaux) n'est, à ma connaissance, pas mentionné dans les circuits des hauts lieux du jazz parisien. Mais quelle belle idée que d'inviter des musiciens de jazz dans ce petit bistrot à l'aménagement très traditionnel.

Pas de place : je vais au bar. Je repère deux hommes à table en train d'attendre pour dîner. Je demande si je peux ... mais oui, bien sûr ! On me cherche une chaise (allez Papy !), on s'installe, aussitôt rejoints par le "cothurne" d'Idriss Mlanao : il est chanteur. On se présente : Smain, Mathieu, Bruno, moi c'est Guy. Ils négocient le menu, commandent leur repas, discutent des avantages comparés de la bouteille ou du cruchon de vin, se décident et précisent : 4 ballons. On va partager le vin : oecumenisme.
Les musiciens finissent de dîner. Grand signe de Benjamin Sanz, toujours amical et souriant.

Direction la scène. Elle est inexistante : quelques tables poussées de côté, un chaise en guise délimitation de l'espace réservé aux instruments, guère plus. Le public est à moins d'un mètre des musiciens : on doit se reculer pour prendre une photo et on se prend à craindre un faux mouvement du sax qui pourrait blesser le pianiste.

Le saxophoniste, Ernest Dawkins, est un homme grand, massif, aux yeux un peu enfoncés dans le visage. Il a participé à la mouvance de l'AACM, en prenant la tête pour un temps. Il a fait partie de l'Ethnic Heritage Ensemble aux côtés de Kahil El'Zabar (faudrait que je retrouve un vinyl pour une ré-écoute). Il a par ailleurs déjà été chroniqué (très bien) par un membre du Z Band, Ptilou.

Il prend son sax alto et démarre un "Foot print". Il n'a pas un "gros son" mais très vite on remarque la richesse, la complexité de ses phrases, adoucies par un chant généreux, lyrique. Il aime à se jouer des sonorités pour accroître encore son expressivité. S'il se place résolument dans la belle mouvance du free, des "wild flowers", il retrouve avec autant de plaisir les racines du jazz, ses propres racines, le blues.

Décontracté, ayant le sens du groupe, du plaisir d'être ensemble, il écoute attentivement les autres musiciens, applaudit à leurs solos. Il faut dire qu'ils se sentent bien, visiblement heureux d'être là pour partager un moment intense. Benjamin Sanz, Idriss Mlanao, Mathieu Jérôme et Hervé Samb à la guitare. Tous bien à l'aise, inspirés, développant leurs solos sans notes inutiles : de la bien belle musique.

Benjamin Sanz - Idriss Mlanao
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Cette musique n'était pas que sur scène. "Bruno" (l'un des 4 de ma table) improvise mezzo voce sur le thème en cours au piano. Ernest Dawkins le remarque et lève le pouce en signe d'approbation. Sourires entendus. Ils vont chantonner ensemble des thèmes de Charlie Parker lors de la pause (Moose the mooch ...).

Me voyant prendre quelques photos, Ernest Dawkins se méprend sur mon talent et me tend son appareil pour que je prenne le groupe. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de mes piètres performances photographiques.

Revenons au concert. Après une ballade très inspirée, Dawkins relance le groupe, sans attendre, sur un rythme rapide et se met à chanter le blues. J'ai compris (chose invraissemblable) qu'il parlait des origines du blues situées à New Orleans et à Kansas City et que tout ce beau monde est remonté vers le nord, dans sa ville de Chicago. Comme bien d'autres, il voyage mais a laissé sa baby "là-bas"; il y revient encore et encore, sans paraître si chagriné que ça de la laisser si loin, arborant un large sourire. Il bat des mains, chauffe encore plus la petite salle ... et invite une belle jeune femme à danser, tout à trac, sourire aux lèves et yeux mis clos.

Ernest Dawkins et une belle inconnue
07_12_14_28_Dawkins_danse

Le set se termine dans une ambiance de convivialité peu commune. Les visages sont éclairés.
Une soirée de belle tenue, dans une bonne humeur contagieuse.

Mais je dois partir, sans attendre le 2e set.
Dans le froid de cette nuit de décembre à Montreuil, je m'étonne encore du talent de Benjamin Sanz, et de sa capacité à rassembler d'excellents musiciens, comme si ces kadors de l'AACM et les autres l'avaient choisi comme point d'attache en France, en toute confiance, en toute amitié.
Cette "Benjamin Sanz Family" continue de se produire au grè des voyages des musiciens lors des "Ze Jam" du dimanche à 19h30 à la Miroiterie (88 rue de Ménilmontant).
Ernest Dawkins sera là-bas le 16 décembre. Pourquoi pas vous ?

Pour toutes les brèves de concert, cliquer ICI

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Commentaires
D
J'avais été informé par Benjamin Sanz, ceci expliquant cela.<br /> Profitons-en pour souhaiter recevoir régulièrement le programme du Bistrot 33 : on pourrait ajouter vos concerts à l'agenda.
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K
Salut, je viens de lire cette page et je voulais juste apporter une petite précision sur les concerts de jazz qui se déroulent chaque vendredi au Bistrot 33 à Montreuil: c'est le contrebassiste Idriss Mlano et le collectif M'Pulse qui convient les musiciens et organisent les soirées, et non Benjamin Sanz...
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D
Le personnage est vraiment intéressant, en effet. <br /> Technicité et inspiration peu communes, c'est sûr. <br /> Sens du partage aussi. <br /> Ce thème "You don't know what love is" lui a servi de tremplin pour exprimer son point de vue sur le monde, sur l'insuffisance de partage, avant de donner lieu à une ballade d'une sensibilité extrême. <br /> Rappel : il sera aux Sons d'Hiver 2008, dès le 1er soir, le 1er février à 20h30 au Kremlin Bicêtre.<br /> Rappel des racines, le blues.
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P
Grande personnalité Ernest D. Je me souviens que lors de son concert au Sunside, il saluait à la l'entrée, à la caisse chacun des spectateurs venus l'entendre. Un style furieux et puissant et tout une philosophie du contact avec le public et avec la nature... A découvrir absolument en scène.
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D
Il faut absolument que je me bouge le derrière, fort joli d'ailleurs, pour aller voir ce genre de véritable bonheur festif !
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