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Jazz à Paris
17 décembre 2007

Aldridge Hansberry aux 7 Lézards - 12 dec. 07

Jean Louis Comolli disait* de la musique de Dolphy qu’elle était duale : habitée par les racines et les régularités du jazz d’alors (le be bop) et totalement irriguée par la liberté la plus farouche, celle du free jazz : goût du lait maternel et besoins d’adulte en même temps.
J’y vois (peut-être à tort) une distinction d’avec cette image du « passeur » du même Comolli, celle d’un musicien qui passe successivement d’une rive à l’autre, sans vraiment choisir. Non, il était des deux côtés à la fois, simultanément, radicalement free.

Aldridge Hansberry
09___Hansberry

C’est cette esthétique qu’a choisie de retenir Aldridge Hansberry lors de son dernier concert aux 7 Lézards, le 12 décembre dernier. Elle s’était entourée de Rasul Siddik à la trompette et de Jobic le Masson au piano.

Et le charme de cette flutiste – batteur (je ne vais pas la traiter de batteuse, tout de même !) a opéré tout au long de cette soirée.
S’exprimant dans un français impeccable (elle vit en France depuis 25 ans), elle a distillé une musique de plaisirs. Son talent ne réside peut-être pas dans sa technique mais plutôt dans l’ambiance qu’elle crée, tant à la batterie (rythmes irréguliers, ponctuations décalées, jeu de timbres) qu’à la flûte : c’est sur cet instrument qu’elle m’a d’ailleurs le plus séduit.

Rasul Siddik
22___Siddik

Et ce plaisir, tant Jobic le Masson que Rasul Siddik l’ont peaufiné, l’ont ciselé durant plus de deux heures. Ils y prenaient un plaisir évident.
Rasul Siddik avait cet air malicieux, tout de finesse, lorsqu’il prenait ses solos (et il y en eu beaucoup) : de purs moments de plénitude musicale. Un grand bonhomme !
Et que dire de Jobic le Masson ? Il s’est plongé dans cette esthétique, oubliant ses accents européens, pour jouer un beau jazz, puissant, plaisant et inventif : les racines et les ailes.

On retrouve aussi cette ambiance dans certains choix de thèmes : Fire Waltz, de Mal Waldron, renvoyait au grand 5tet de Dolphy du Five Spot**, et le morceau de clôture, Loneny Woman, aux talents de composition du jeune Ornette Coleman.

Dans la salle, Roy Campell s’était installé en retrait. Invité par Rasul Siddik, il est venu partager cette fête avec ses amis dès le 2e morceau du 2e set.
John Bescht, plus prudent, s’était réfugié sur les premières marches de l’escalier. Aldridge ne l’a pas entendu de cette oreille : elle l’a fermement invité à venir sur scène pour terminer en beauté cette soirée.

Aldridge Hansberry - John Bescht
33___Bescht___Hansberry


En nous quittant, Aldridge Hansberry a dit son plaisir et son émotion d’avoir joué ici, dans cette salle promise à la disparition.
Emotion partagée.
Une bien belle musique que celle de ces Lézards là.

Pour en savoir davantage, aller sur le site d’Aldridge Hansberry

* : article « Dolphy » du dictionnaire de jazz de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli (épuisé ?)
** : enregistrement de 1961, avec Booker Little (tp), Mal Waldron (p), Richard Davis (b) et Ed Blackwell (dr).

Retrouver ici toutes les "Brèves de concert"

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Commentaires
D
Merci de cette chronique-rebond du concert du 7 décembre avec Moe Seager.<br /> J'avais entendu ce poète lors de la jam session à La Miroiterie du 25 novembre avec Sabir Mateen. Voir :<br /> http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2007/11/26/7020980.html Il avait interprété "Jazz Is".
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M
(A Paris, le Jazz tient une place importante. Nous n’avons pas notre « BOURBON STREET » comme à New-Orléans. Mais nous devons défendre nos « tanières » » musicales).<br /> Avec « JAZZ is », Samba sublime ; 4 Am –Paris ; « I want to Jazz with you” ; “Chemical alee”, certains poèmes de Moe, vous êtes emporté dans les dédales des descriptions claires et une articulation exemplaire qui vous fait retrouver votre latin. Les touches de la "batteuse" ALBRIDGE sur ses cymbales et les effleurements de son archet sur les cuivres vous font planer de bonheur. Quel plaisir à savoir que la contre basse caressée par Xavier PADILA « slow down « pour animer les battements cardiaques du plaisir. Et quelle émotion répétée de sentir que tout est accompagné par le trompettiste et flutiste RASUL SEDIK qui nous aide à respirer la poésie active de Moe SEAGER.
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