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Jazz à Paris
27 mai 2008

Toru Iwashita - Claude Parle à l'Atelier Tampon le 20 mai 08

"Quel rapport peut il bien y avoir entre
un rayon de lune sur l'épaule de Toru Iwashita dans un jardin de Kyoto
et un rayon de lune frappant l'oeil jusqu'à l'occulter, d'un musicien ivre dans une ruelle de Pigalle ?

    C'est comme le vieux prunier ouvrant soudain ses fleurs au milieu de l'hiver...
    Aucun bout par où le saisir ...
    Qu'est ce qu'un accordéon peut bien faire au milieu du Buto ?"


Parle___IwashitaAprès une telle accroche, comment ne pas y aller ?

Une salle longue, séparée de la rue par une devanture de verre. Quelques sièges et des coussins posés au sol, tout autour.

Après quelques vers du maître des lieux, nos deux artistes - Toru Iwashita (danse) et Claude Parle (accordéon) - entrent en scène.

L'accordéon est inhabituel dans ce genre musical lui-même encore marginal comme la musique improvisée.
On se sent d'emblée en terrain de connaissance. En écoute aveugle, la sonorité de l'accordéon est toujours reconnaissable : pas de transformation électronique ou d'instrument préparé.
Mais dans le même temps, on est surpris par le jeu sur les timbres, le souffle, les effets, le discours de Claude Parle. Surprise aussi lorsqu'on s'aperçoit que le piano auprès duquel il se tient n'est pas là par hasard. Petites notes, clusters ... viennent ponctuer, perturber, élargir le fil musical.

Le danseur, tout en noir, est assis dos à la rue, parmi le public. D'abord, il écoute.
Il se lève ensuite, propose du geste son siège (un tronc d'arbre) à un spectateur debout et se met à danser.

Deux manières de voir, de rendre compte, lorsqu'on est confronté à un art dont on ignore tout :
- Se rapprocher de ce qu'on connaît un peu : ici la danse contemporaine et la sculpture;
- Raconter (ou inventer) des séquences.

Pour ma part, j'étais très sensible à cette épure des gestes, où toutes les parties du corps découpaient l'espace. Une beauté brute, à la fois abstraite et narrative, sans qu'on sache vraiment ce qui est évoqué, suggéré. Ce trouble même séduit.
On croit deviner les premiers pas d'un animal qui vient de naître, instable sur ces pattes, pour imaginer l'instant qui suit le chaos de notre propre vie, notre déchéance, puis revenir au regard plastique pour admirer les courbes noires du corps, des bras, des pieds se détacher de la salle.

Mais le corps n'est pas seul sur scène.
Le visage marque une attention soutenue, aimable aussi ... qu'il ne quitte jamais. Tout au long du spectacle, il ne raconte rien d'autre, contrairement au jeu d'un mime, par exemple ... sauf peut-être une histoire intérieure, secrète, imperméable à l'extérieur. Il est de fait inexpressif et très présent. Comme s'il fallait attirer le regard ailleurs.

L'interaction se met en place, tout d'abord avec le public.
Un dépliant au sol qu'un spectateur voulait ranger ... et notre danseur s'en empare, le fait ensuite glisser vers le public, puis le reprend ... puis s'en désintéresse.
A d'autres moments, il nous renvoie discrètement l'image épurée de nos postures, comme sources d'inspiration de sa danse.
Des badauds profitaient gratuitement du spectacle : il s'approche de la vitrine, se "réjouit" de les voir, nous invitant indirectement à inverser notre perception : le spectacle est dans la rue, partout, tout le temps. Lui, il ne raconte rien.

Et avec Claude Parle ?
La connivence est forte ! Difficile de la percevoir sur le visage de Toru Iwashita. Mais manifestement, Claude Parle joue avec lui et avec ses instruments. Il y prend plaisir, et c'est communicatif.
Il joue quelques notes sur le piano; Iwashita lui saisit brusquement la main, le bras, joue à son tour deux-trois notes, le regard allant du piano au musicien, dans des allers-retours inquiets.
Claude Parle secoue les soufflets de son accordéon, pour en faire entendre la respiration, ce qui devient un thème de danse chez Iwashita. Ils se saisissent l'un l'autre, s'étreignent, se secouent, comme les soufflets de l'accordéon, puis leurs chemins divergent.

Une soirée d'humour magique !

PS : Seul regret de la soirée : pas de photos ou d'extraits vidéo. "C'est interdit, en principe". ... et ce soir ? ... "c'est interdit !" Peut-être une autre fois.

Présentation des artistes ICI.

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