Petit/Pontevia/Marion/Brochard - A l'improviste Radio France le 25 oct. 08 (Claude Parle)
Nouveau concert pour l'enregistrement public de l'émission "A l'improviste", diffusée chaque vendredi à minuit.
En deux partie :
1) Jean-Luc Petit (ts, bs) - Mathias Pontevia (dm) - Louis-Michel Marion et Eric Brochard (b).
(diffusion : vendredi 14 novembre à minuit)
2) Charlène Martin & Bernard Binet (duo vocal)
Claude Parle a choisi de chroniquer, à sa manière, la première partie de concert :
L'affiche était prometteuse, le personnel bien
présent, le public aussi ...
La formule double basse, peu employée s’est révélée
ici particulièrement fructueuse …
Dès le départ de la performance, le son habilement tissé par les quatre comparses, était en place : chacune des basses “regardant” vers l’un ou l’autre qui, JL Petit, qui, Mathias Pontevia …
Louis-Michel Marion et Eric Brochard
Ce qui a fait l’intérêt de ce concert c’est
précisément la construction fine de différentes lois d’évolution …
Au début, Mathias a fortement ponctué les variations par des attaques sèches de caisses et de cymbales, avant de glisser progressivement vers les grattements/frottements cymbale sur peau chères à Lê Quan Ninh ….
Tandis que les basses s’articulaient aux petites
variations de JL Petit …
L’évolution de ce continuum a engendré un vaste espace projectif par accumulation de timbres, de registres, de petites dynamiques, procédant par petites séquences rythmiques s’auto engendrant …
Quand Petit est passé du ténor au Baryton, La
dynamique a évolué devenant beaucoup plus forte, plus ample …
A partir de ce moment, les quatre instrumentistes
se sont employés à mélanger les sauces avec un sens de la gastronomie particulièrement
affiné …LM Marion s’ingéniant à fusionner ses sons aux gémissements de Mathias,
Eric faisant la navette entre rythme et tenues près de Jean Luc …
Une très belle séquence avec beaucoup de maîtrise
instrumentale et avec une retenue dans la montée en puissance remarquable.
A partir de cette vastitude engendrée, comme un
prototype d’univers, la “boule primordiale“, différenciant son énergie a crée
une arborescence de micro univers avec toutes leurs variétés de planètes, de
végétations, d’habitants …
L’atmosphère devenant de plus en plus ténue …sons
filés des basses, petites tenues de Petit, beau travail de timbres de Mathias
…avec ça et là quelques évolutions plus denses …
L’aventure s’est terminée dans l’harmonie, avec une
belle écoute des quatre partenaires et, pour le public, la conclusion d’un
« voyage (tout à fait) extraordinaire » que Verne n’aurait sûrement
pas boudé ! …
Fin de set et discussion avec le public, qui se centre sur ... les images qu'évoqueraient cette musique. Beaux moments de subjectivité, probablement utiles face à ce qui demeure encore inhabituel, inouï.
Mais la musique ?
Claude Parle reprend sa plume, avec une proposition pour faire avancer le débat, à sa manière ...
A la suite du concert, provoquée sûrement par le
mal de l’espace, s’en est suivie une très étrange discussion …
Je dis très étrange (au niveau des débats) parce
qu’enfin, depuis que notre Pierre S. national qui a vu le jour et sévi dans ce
noble lieu en créant le service de la recherche de l’ORTF dans les années 50,
il y en eu des bruits et des sons et des débats … Il y en a eu (dans le jazz)
des expériences et des anathèmes et des affrontements post bop, pro free… et
même que des fois ça dure encore ! ! (Entre spécialistes
uniquement ! ) …Quant à la fumeuse opposition écrite/improvisée …. Ça
dépend s’il pleut…s’il y a du vent ?! …la marée ? …
Et, depuis l’avènement de l’électro à partir des
années 80, laborieusement, certes mais précisément , une nouvelle façon de
décrire, d’aborder les créations sonores a fini par accoucher … Le GRM œuvre
toujours ici, à deux pas, dans l’auditorium O. Messiaen …
Il y a trois ou quatre ans, il y avait les
« analyses croisées » (à l’INA/GRM) qui permettaient une certaine
mise en lumière des œuvres électroacoustiques …
N’y aurait-il plus rien au titre de la formation
continue depuis les travaux Av. du président Kennedy ? …
Affûter ses oreilles comme on éduque ses papilles.
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