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Jazz à Paris
27 novembre 2008

Souffles & Tampons (par Claude Parle)

Vendredi 21 novembre 08 à 18h - Souffle Continu
(voir précédente chronique sur ce même concert ici)

"A l’occasion de sorties récentes ( chez "Potlatch" : Trio Sowari "Short Cut", Guionnet-Nakamura "MAP" et Baron-Denzler-Guionnet-Rives "Propagations" à écouter ! ! …) "Soufflecontinu" invitait Marc Baron, Bertrand Denzler et Jean-Luc Guionnet.

Petit, je voudrais plutôt dire grand ! ...coup de chapeau à l'excellent magasin "Souffle Continu" (sans espace ! ) pour l'éclectisme de sa distribution et aussi et surtout pour sa politique d'invitation/incitation des musiciens à se produire dans ses locaux à l'occasion des sorties ...

Vendredi, la formation, j’allais dire classique ! …Marc Baron, Bertrand Denzler et Jean-Luc Guionnet nous a gratifié d'une de ces performances dont on aimerait voir (et entendre ! ) la multiplication ... bel hommage, pourrait on dire à l’enseigne de cette boutique, tant on a l’impression de surfer sur une lame qui frise l’étoc sans jamais s’y accrocher …Une audience attentive, des gens sympa, quelques verres afin d'arroser les achats qui s'imposent ....

Bref, excellente ambiance dans ce lieu convivial ...

Un peu plus tard, à l'atelier TAMPON, deux performances remarquables ...

Martine Altenburger : violoncelle, Frédéric Blondy : piano, Bertrand Gauguet : saxophones alto & soprano

Fréderic Blondy - Photo Dill Pixels
Frederic_Blondy___photo_Dill_Pixels

Piano génialement préparé par Blondy dont le travail particulièrement fin s'est illustré de manière remarquable entre son jeu personnel et le partage du sax de Gauget et la splendide prestation de Martine Altenburger au violoncelle ...

On peut vraiment parler ici d'une écriture, tant les séquences de préparation des cordes et l'articulation du travail au violoncelle soutenu ou guillotiné par les attaques de saxophone se montent et s'entrelacent par couches bien stratifiées puis par "layers" puis par saillances retenues/provoquées ...

Le travail du violoncelle est tout à fait remarquable, attaques franches à l'archet, frottés-collés des crins sur les cordes qui grincent et craquent comme noix à l'écalage, longs sons tirés, huilés sur le chevalet, repris sur l'harmonique des cordes, retravaillés dans les haubans du manche, où quelque vigie possédée du diable incrusterait ses griffes au bordage de la hune ...

Gauguet aux saxes n'est pas en reste ! ...aussi à l'aise dans les souffles suggérés que dans les attaques de bec il déroule ses trames avec une grande pertinence ...

Une très belle écoute de ces trois comparses et un grand bonheur pour le spectateur ....

Deuxième performance de la soirée : Sebastian Lexer : piano; Seymour Wright : alto saxophones

Deux Anglais tout aussi géniaux ! ...

Seymour Wright ... Ou l'art du saxophone vu du coté de l'anti-matière ! ...

Tout est inversé par ce fou furieux, le sax, dûement démonté, le corps sur ses genoux, résonnant du souffle d'un récepteur radio, abandonné au vain vent des parasites atmosphériques...

Le bocal aspiré, il faut quand même souligner que Wright n'est pas un "soufflant" mais un "aspirant" ! ...luttant avec la gravitation pour faire vibrer quelque plaque ou couvercle de conserve ...

Quand il se résout à monter le bec, c'est pour y frapper l'anche de l'ongle, du doigt, ou d'un brin de caoutchouc en rotation par un mini moteur ...

La déconstruction instrumentale hissée au rang d'un principe compositionnel ....voila une "aspiration" particulièrement bien sentie ! ! ...

Je gage que les osselets du brave Adolf en résonance avec le squelette de son rejeton dussent s'entrechoquer d'un plaisir aussi suave que délicieusement décadent ce soir là ! ! ...

Un petit "Tiré à part" que m'inspirent ces artistes et ces qualités de performances ...

Il y a déjà quelque temps que d'avoir pressenti, je sens et même je, nous, pouvons toucher de l'oreille cette fameuse musique du XXI° siècle ... Une nouvelle génération d'improvisateurs comble à marche forcée, dans une prodigieuse foulée, le fossé qui s'est creusé au fil du temps entre les compositeurs qui écrivent et les interprètes ... Enjambe les précipices entres les concepteurs de langage (je veux parler des musico-informaticiens ! ) et traitement du signal d'avec les bruitistes plus ou moins inspirés ...

Ces improvisateurs de génie à force de violenter l'instrument finissent par nous accoutumer à une approche gestuelle du traitement du son, du signal, et forgent le chaînon (désespérément ) manquant entre l'intention/invention et la pratique ...

Il ne reste plus qu'à inventer les spectateurs ... A moins, les choses évoluant avec l'expansion de l'univers, qu'ils ne paraissent par génération spontanée en résonance à ces sonorités que Spalanzani ne pouvait imaginer même en rêve ...

Pour finir ...

Un grand merci à Marc, donc, pour la qualité de sa programmation depuis la rentrée et qui ne cesse de monter en puissance ....

Jusqu'où ne s'arrêtera t-il pas ? ! !

Et... je ne ferais qu'effleurer la pertinence oenoleptique de ses tendances musicomaniaques ! ....

Claude Parle"

PS : Soufflecontinu : 20/22, Rue Gerbier 75011, Paris

01 40 24 17 21 ; SOUFFLECONTINU.FREE.FR

Retrouvez toutes les chroniques "Brèves de concerts".

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