Des messagers au Cavalier Bleu, un soir de mars
Le Cavalier Bleu - 143 rue Saint Martin - Paris
Il y avait bien
des concerts à voir ce 5 mars : aux Instants Chavirés (Murayama - Rives; Battus - Duboc), au Duc des Lombards (Gaël Horellou) ... mais il fallait marquer l'anniversaire d'une vieille dame de 86 ans, qui ne peut que très peu se déplacer. Prendre le boulevard Sébastopol, tourner rue Rambuteau, et là, face au Centre Pompidou, le Cavalier Bleu.
Accueil très attentionné : le patron trouve la meilleure place pour cette mamie. Petit salut à celle qui va (en)chanter bientôt : Clotilde Rullaud.
Le guitariste, Hugo Lippi, arrive. Quelques mots et le concert commence.
Clotilde Rullaud au Cavalier Bleu - 5 mars 09
Le répertoire est celui des grands standards du chant jazzy, avec quelques incursions du côté de la bossa nova (Desafinado).
Un engagement plein de la part d'une jeune chanteuse conduite à exprimer son art au milieu de bruits divers dans la salle : la rue (nous sommes en terrasse ... bien chauffée), discussions à voix fortes, commandes de boissons, recherche du consommateur qui avait oublié sa sacoche (vite, vite, le rattrapper) ... voire face à l'indifférence de certains, un gros livre à la main, zappant toute source sonore externe.
Certes, le jazz s'exprime parfois dans ce type d'environnement, mais il faut avoir une foi bien chevillée au corps pour continuer le show avec ce sourire, ce plaisir manifeste de ces deux musiciens.
Ils sont, à leur manière, des messagers du jazz. Ils apportent à ceux qui ne les entendent que d'une manière distraite une corde de rappel vers ce formidable univers du jazz, de son histoire, de ses repères.
Et pour ceux qui étaient venus pour les écouter, ils offrent un excellent moment. Certes, il faut aiguiser ses oreilles pour éloigner tous ces bruits et n'entendre que les musiciens, le beau solo d'Hugo Lippi sur Bye Bye Blackbird et le chant de Clotilde Rullaud.
Une belle initiative de cette chanteuse, pour ceux, nombreux, dont je suis, qui se chamaillent toujours avec la langue de Shakespeare : elle nous traduit certaines des paroles du thème et enchaîne. Un petit exemple.
On ira l'écouter lors d'un passage sur une scène davantage dédiée aux concerts.
Mais il faut saluer l'initiative du patron du Cavalier Bleu. Grâce à lui et à d'autres qui partagent cet engagement (voir le Saint Jean, le Styx, le Onze Bar, l'Abracadabar, le Café des Sports, le Bistrot 33, etc.), il est possible d'écouter de très bons musiciens de jazz en direct, de pouvoir leur dire deux mots, dans une ambiance détendue.
Et la petite mamie ? Le sourire aux lèvres, elle battait la mesure du pied, elle balançait la tête en dégustant son jus d'ananas et applaudissait à chaque morceau.
Carton plein !
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