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Jazz à Paris
7 septembre 2009

Zorn à contrepied

J'ai lu quelques lignes * au sujet du dernier concert de Zorn à La Villette où l'impression qui prévaut est qu'il s'est agit d'une musique assez douce, mélodique et inventive, explorant l'univers des "musiques juives" (cette expression me fait bondir, mais soit !). Un Zorn finalement séducteur.
Je vous propose un Zorn à contrepied de ce concert, rugueux, intense, avec "Spy vs "Spy", bien sûr.
Il suffit de cliquer ici .
* Voir articles de Bladsurb , Damien et Belette . Ils ne disent pas s'ils ont pris un pot ensemble à la fin.

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Commentaires
D
Deux commentaires commençant par une accroche un peu vive pour se développer d'une manière balancée et intelligente. <br /> Allons-y donc pour un "débat" initié, rappelons-le, par un article hyper court ne visant qu'à donner à entendre une musique formidable d'il y a 20 ans.<br /> Ce que pense Zorn, son attachement à la culture juive, à sa religion, et pourquoi pas demain au sionisme (existence d'Israel) n'importe à mes yeux (au moins sur ce blog) que pour autant que cela serve la musique. Je rappelle qu'Avishaï Cohen revisite lui aussi cette culture, mais sur l'autre grand pôle historique, l'Espagne, pôle je crois pris en compte aussi par le label Tzadik (pas par Zorn, il me semble).<br /> Alors où est le débat ?<br /> La musique de Zorn élargit (continument) sa base, et sa judaïté évolue aussi. Il ne produit pas pour autant de "musique juive", ni de musique religieuse (il n'y a pas de prière mise en musique ou l'équivalent d'un requiem), et quand bien même cela serait, on aurait affaire à une musique religieuse, musique qui irrigue la "Great Black Music" (via le Gospel), la musique "savante" européenne etc, sans que pour autant on parle de musique chrétienne, catholique, calviniste ou autre.<br /> Et je le précise, "musique juive" n'est pas une expression du crû de Damien, mais se retrouve un peu trop souvent à mon gré çà et là sur la blogosphère.
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D
Pas convaincu par quoi ? <br /> <br /> Pour préciser un peu les choses. Jusqu'à présent, le concept de Radical Jewish Culture développé par Zorn, et son attachement depuis un peu plus de quinze ans à son identité juive (Masada & co), ne s'inscrivait pas dans une démarche religieuse.<br /> <br /> Il est intéressant de remarquer que Zorn fait débuter son intérêt pour la question d'un double évènement dans sa vie au début des années 90 : un séjour de plusieurs mois au Japon (plongée dans une culture étrangère) et la mort de son père (quel héritage ? que transmettre ?). La question de l'identité semble donc centrale. Et celle-ci ne trouve alors pas de réponse dans un judaïsme religieux. Plutôt dans l'idée de l'affirmation d'une "culture" juive. Ainsi, la série d'albums studio de Masada est dédicacée à Asher Ginzberg, fondateur du sionisme culturel au XIXe siècle, alternative au sionisme politique de Herzl. Pour Ginzberg, il s'agit de répondre à la même question (qu'est-ce qui peut fonder l'identité juive à l'époque de la mort de Dieu et de la sécularisation de la société austro-hongroise ?), mais il apporte une réponse différente. Là où Herzl s'inscrit finalement dans le contexte des revendications nationales qui agitent la double monarchie, Ginzberg prône une renaissance culturelle qui maintiendrait l'idée de diaspora active (pas d'équation peuple=nation=territoire), mais en la fondant sur une communauté de valeurs et d'expressions artistiques communes, se substituant au ferment religieux d'origine.<br /> <br /> La démarche de Zorn aujourd'hui sur un texte biblique - certes sujet à controverses mais symbolique - est dans ce cadre difficile à lire, je trouve. Est-ce une évolution de sa pensée sur la question ? Ne prend-il pas en compte l'aspect religieux du texte, se contentant du poème d'amour ?<br /> <br /> Pour conclure, on peut ajouter que la culture laïque française est souvent un obstacle pour comprendre des motivations qui, rappelons le, s'inscrivent avant tout dans un cadre américain où la question de l'identité culturelle est perçue très différemment.<br /> <br /> J'espère que cela éclaircie ma prose un peu elliptique du début, et trouve plutôt intéressant d'avoir ce genre de débat sous les yeux d'autres éventuels intervenants.<br /> <br /> PS : A noter qu'au printemps 2010, le MAHJ consacrera une exposition au mouvement "Radical Jewish Culture". J'espère qu'elle sera bien documentée et qu'elle ne se contentera pas d'un caractère illustratif.
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D
Merci de tes précisions, Damien, même si je ne suis pas totalement convaincu (on peut poursuivre par mail, sans déranger les autres). <br /> Et heureux de te voir reprendre la plume sur ton blog.<br /> <br /> Site de Damien : : http://native-dancer.blogspot.com
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D
Non, pas de pot.<br /> <br /> Concernant l'expression "musiques juives", elle n'a déjà pas grand sens en soi, je suis d'accord, mais en plus elle ne colle pas du tout avec ce projet. Thématique biblique, exploration de l'identité juive sous un nouvel angle (l'aspect religieux était jusqu'à présent assez peu présent chez Zorn, me semble-t-il), certes, mais on est loin d'une musique qui sonnerait juif au sens où on l'entend le plus souvent (pas de gamme hébraïque, aucune référence à la musique klezmer). La première partie était plutôt hispanisante, et la seconde empruntait autant aux pygmées qu'au minimalisme américain.
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