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Jazz à Paris
15 novembre 2011

La douleur de Duras par Sonia Fleurance et Benjamin Duboc

Sonia Fleurance et Benjamin Duboc - photo Amor Fati
Sonia Fleurance - Benjamin Duboc ConcertLaDouleur - Amor Fatichez Ackenbush le 24 Septembre.
(chronique de Claude Parle)


Ce qui semble sortir de la bouche de Sonia c'est un peu comme le murmure d'une source chatoyante avant que de se transformer en ruisseau qui, de torrent grondant s'enfle en un fleuve mugissant assommant tout sur son passage puis dans une ultime cataracte s'enfonce dans la mer qu'il grossit de ses tourbillons boueux avant de disparaître ...

Le sourcier, c'est Benjamin ... avant tout début, il s'infléchit sur sa basse, armé de son archet en guise de coudrier et semble fouiller le sol pour y révéler quelque surgissement aqueux ... Mais il laboure consciencieusement le cordier pour en extirper une sorte de basse lancinante qui va peut à peu se muer en raclement, en ahanements de bête agonisante ...

De cette silhouette immobile qui semble se pétrifier dans le verbe qu'elle incarne jusqu'à épuisement, les mots semblent tomber à l’exacte verticale d’un jeu de Go ...
Cette voix aux inflexions à peine perceptibles nous envahit et nous pénètre ainsi qu'un brouillard hiémal dont l'humidité peu à peu s’infiltre, prends possession de nous et finit par nous geler le coeur jusqu'à l'embolie ...tandis que le texte implacable déroule comme s’il déchirait l’espace, suppurant d’une sorte de distance, d’une paralysie muette, et nous, mués en personnages de « Stalker » glacés et fixés dans l'impuissance de toute analyse ...secoués par les spasmes d’un Tarkovsky marionnettiste égaré hors du temps …

Benjamin dont la forme finit par s’estomper, n’être plus qu’une protubérance de cette basse hors de l’espace-temps, comme enlié dans cette résonance de tout l'instrument en sa vibration propre, comme un énorme insecte englué dans une immense toile ne pouvant plus que vibrer jusqu'à l'agonie ...
Mécanique implacable dans laquelle on voit que rien ne peut infléchir la trajectoire mortelle ...
Il n'y aura, donc, qu'un seul son grave, très grave
Quand la voix s'arrête au bord des larmes qu'elle évoque ...
Benjamin tente de se redresser lentement, les reins brisés par le geste tandis que nos cerveaux vieillis suintent d’une sensation mate, muette …d'usure indescriptible de tout ...

C.P

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Pas d'archives video ou sonore de ce duo sur le Net.
Il faudra donc guetter leur prochain concert ou un éventuel CD.
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Retrouvez toutes les brèves de concert .

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