Hasparren : Daunik Lazro, Joelle Léandre
Un disque en duo de deux figures saillantes de la musique improvisée : Joelle Léandre (contrebasse et voix) et Daunik Lazro (saxophone baryton).
Une pochette qui figure une échographie avec en transparence ces deux visages, en guise de promesse, de musique en gestation.
Le titre du disque : Hasparren. Quand on "google" ce nom, on découvre un village au coeur du pays basque.
Six pistes, aux titres simples : Hasparren I à VI.
Difficile de parler de cette musique, si ce n'est le sentiment d'une pause entre expression lyrique repérable et fouaillement des instruments.
Le dialogue entre les deux artistes atteint une sorte de climax dans la quatrième piste (Hasparren IV, donc). Une petite plongée dans ce bain amniotique.
Au commencement était Daunik, seul, avec des sifflements aux limites de l'audible, suraigus. Puis des notes tenues, dans les graves et un va et vient sur les hauteurs, avant des sons doubles, complexes, pour laisser entendre les vibrations du métal, les harmoniques, des ronflements, des sifflements encore, des plaintes solitaires.
L'atmosphère est installée ... brutalement secouée par une déflagration à la contrebasse, un mix entre frottements, percussions et tremblements, une chute des corps brassant aigus et graves. La voix du baryton se fond dans celle de la contrebasse. Les discours s'entrelacent dans une course véloce, dans un parcours aux multiples virages, dérapages, contrepieds, des grondements de voix dans le baryton, une sauvagerie désespérée.
Puis un ample chant, quasi romantique, à l'archet; un baryton qui accompagne en claquements, en quasi fusion avec les cordes. La voix de Joelle Léandre, des plaintes, un superbe double chant (voix-cordes), une sensibilité exténuée. Un chant ténu au sax, tout de fragilité, de subtilité, aux limites de l'extinction.
Quelques notes pincées à la basse ...
La messe est dite.
NoBuseness Records NBCD 62
Enregistrement, mixage : Jean-Marc Foussat