Bill Dixon et les autres - Vision V Avant Jazz Festival aux Sons d'Hiver - 21 jan 06
Concert du 21 janvier 2006 aux Sons d’Hiver (Centre Georges Pompidou – Vincennes)
Cette soirée accueillait le festival new-yorkais « Vision » rassemblant la scène alternative. Il y avait donc là une promesse alléchante … mais.
Trois parties :
- Kidd Jordan – Fred Anderson – William Parker – Hamid Drake 4tet
- Bill Dixon trio
- “Eloping with the sun” : Joe Morris – William Parker – Hamid Drake
… plus une intro explicative, longuette (very, very … mais très bonnes synthèses du traducteur : on en aurait crevé, sinon).
Ce premier set débuta par … la section rythmique basse – batterie, lancée d’emblée dans une improvisation véhémente. Les cymbales de H. Drake offraient un accompagnement rythmique au martèlement de ses caisses ; W. Parker impulsait une cadence très soutenue mais le dialogue entre les deux musiciens était plutôt limité. L’intervention des deux souffleurs était espérée pour donner un début de structure à ce début de concert.
Las, l’ensemble m’est apparu globalement trop « verbeux » : beaucoup de notes, peu d’inspiration, une émotion laissée au placard. Oh, bien sûr, Fred Anderson s’est rabattu, en vieux routier, sur la répétition de courts segments musicaux, d’une manière incantatoire, pour « que ça chauffe », avec une son plein et puissant (sacré papy !), alors que Kidd Jordan (que de notes pour dire assez peu de choses à mon goût) modulait ses improvisions par des changements de sonorité, appelant parfois à la rescousse la mémoire du grand Albert Ayler (oh, pas beaucoup, à moins que ce soit un effet de mon désir musical).
Bref, des musiciens de qualité chacun pris individuellement, mais un groupe qui ne s’est pas toujours trouvé. L’un des bons moments (et il y en eut, tout de même), fut une très belle improvisation solo de F. Anderson, alors que certaines de ses contributions en soutien ou dialogue avec K. Jordan frisaient l’inexistence.
Lors du bis (c’est bien la preuve que tout le public ne partageait pas mon sentiment), nos deux souffleurs, abandonnés par Drake et Parker, se sont vraiment engagé, quasi physiquement, mais la magie refusait de se manifester.
C’est inhérent à la démarche d’improvisation : ça ne marche pas totalement à chaque fois.
Le patriarche de 80 ans est apparu sur scène comme bien peu touché par les ans : la créativité, ça conserve.
Derrière les musicien, une projection d’œuvres picturales du maître Bill donnait d’emblée une tonalité intéressante au set : deux Bill pour le prix d’un.
Après un début très prometteur aux percussions (très bon Warren Smith), le maître a commencé d’officier, et là, surprise : des sonorités magnifiques, des cris superbes (« J’en connais de forts beaux qui sont de purs sanglots »), mais distribués assez chichement.
Notre Bill démarra par quelques sons soufflés, un peu à la manière du Joe McPhee des années 70 – 80 (de chez Hat Hut), avant de nous offrir ses pépites. Hélas, hélas, hélas, ses phrases n’étaient composées que d’une, voire de deux notes, ses moment les plus loquaces nous octroyant 5 à 6 notes, le tout repris selon le micro choisi, par une chambre d’échos aux effets systématiques, répétitifs, et bien lassants à la longue. De l’endroit où j’étais, je n’ai pas vu de pédale laissant penser que le maître modulait le son lui-même, en direct.
Et la musique ? On était un peu loin, bien sûr, des racines, du blues, et plutôt au voisinage des musiques nouvelles ou contemporaines (ce qui m’intéresserait plutôt) : une musique comme suspendue, de très belles images sonores … au début, avant que l’usage systématique et immodéré de la réverbération tue toute attention.
Warren Smith a su inventer sans cesse de belles phrases sur ses timbales et sur son vibraphone. Et Joe Giardullo, avec ses anches, me direz vous ? Oh, j’ai bien observé qu’il portait, parfois, l’un de ses instruments à sa bouche, que des sons semblaient en sortir, mais je n’ai pu mesurer véritablement sa contribution à la musique offerte.
En synthèse, une certaine déception, à la fin, en dépit de purs régals à l’écoute des dérapages et des déchirements sonores. Il faut retrouver les disques du maître et se les repasser pour se rappeler ce qu’il nous a déjà apporté.
Et les 3eme partie ? L’heure tardive (déjà, près de 2h30 de concert) et les petites déceptions de la soirée ont eu raison du désir de musique. Retour à Paris.
A lire, un avis assez différent : http://samizdjazz.blogs.com/samizdjazz/concerts/index.html
ainsi que l'échange sur le forum de citizen jazz : http://citizenjazz.com/forums/viewtopic.php?t=2577&postdays=0&postorder=asc&start=0
PS : les hasards du cendriers m’empêcheront de profiter de autres concerts.
A ne pas manquer, le duo Roscoe Mitchell – Matana Roberts aux saxos le 28 janvier à St Mandé, ainsi que Steve Coleman le 3 février et Linton Kwesi Johnson le 4 à créteil. St Mandé est bien desservi par le métro, profitez-en.
Ne pas oublier aussi les musiciens français, en particulier la soirée Manouche, avec Stochelo Rosenberg & Angelo Debarre, qui m’avait si bien plu lors du concert de RTL
voir brève de concert ici >> http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2005/12/07/1083277.html
photos : www.bill-dixon.com