Alan Silva "In the tradition" aux Instants Chavirés - 25 janvier 06
In the tradition : Instants Chavirés le 25 janvier 2006
Alan Silva (synth.) – Roger Turner (perc.) – Johannes Bauer (trb)
Musique très dense ce soir là aux Instants Chavirés.
Deux sets de près d’une heure chacun, où les musiciens se sont complètement engagés pour nous produire une musique radicalement neuve et réjouissante.
Trois styles, trois manières d’être assez différents :
- Johannes Bauer a fait résonner de bien des manières son trombone, allant parfois à jouer à quelques centimètres de l’embouchure, ou, au contraire, à faire claquer un seul son, fort, comme un cri, hachant le temps. Continuellement à l’intérieur de son propre univers, il se souriait à lui-même et à la musique des deux autres artistes, ponctuant ses phrases musicales d’expressions faciales racontant une histoire, difficile à déchiffrer.
- Roger Turner, quant à lui, a impulsé, dirigé le premier set. Il semblait que de larges séquences de sa musique n’était que la résultante de son rêve intérieur, de sa danse autour de ses caisses. Lors du second set, en revanche, il fixait Alan Silva, souriant à ses initiatives et en nourrissant son jeu.
- Alan Silva, toute gentillesse dehors avant le concert et lors des pauses, portait un regard attentif et amical sur Roger Turner, pour offrir sur son clavier des sonorités et des phrases musicales ponctuant celles des percussions ou pour impulser de nouvelles directions. Lors du 2ème set, en revanche, il a pris plus directement la direction des opération, avec toujours cette attention aux autres. Sa musique fut très dense sans être particulièrement agressive. Le choix du clavier, déroutante pour qui l’avait vu à Paris avec Cecil Taylor, s’est révélé nécessaire au discours actuel de ce créateur.
Difficile de décrire cette musique (voir plus bas ce qu’en dit Théo Jarrier sur le site des Instants), à la fois innovante et souriante. Les trois artistes ont très bien fonctionné ensemble, même si le choix d’A. Silva d’utiliser parfois un registre percussif sur son clavier isolait un peu le discours de J. Bauer au trombone.
Une belle soirée dans l’Est parisien.
"La musique d’In the tradition est unique, elle est d’une extrême densité, corpulente tout en restant claire et lumineuse. Certains de ces imaginaires et contestataires ‘’standards’’, comme ils aiment à les nommer, évoluent dans un flux robuste, touffue, voire sauvage... des sonorités qu’ils taillent sans pitié dans le vif.
Cette musique qui ne tient que par un fil, une histoire, résiste et ne cède à rien, elle a l’intensité de ses sons ''vintage'' de clavier, de cet insaisissable ''groove'' à coulisse et de ses percussions orageuses".
Théo Jarrier
PS : Allez à l'écoute de sa station "Ih-have-celestrial" : http://www.live365.com/stations/ihhavec
photo : www.instantschavires.com