C. Marguet - 4tet Ecarlate - A l'improviste - juin 2006

photo : www.chorus.ch
Le dernier opus de la saison de l’enregistrement public de l’émission « A l’improviste » ce lundi 12 juin avait pour invité le 4tet Ecarlate, formation dirigée par Christophe Marguet.

Ce n’est pas un groupe formé spécifiquement pour l’émission, mais un projet dont la composition a évoluée pour accueillir aujourd’hui Bruno Chevillon (contrebasse), Olivier Benoit (guitare) et Sébastien Texier (clarinettes et saxophones).
Cette formation attend la sortie de leur prochain CD, Ecarlate (pourquoi faire compliqué ?) et mixera compositions et improvisations.
Leur ambition : durer et explorer.
.

Ce lundi soir, il s’agissait d’improvisation (émission oblige).

L’exercice de l’improvisation libre est toujours délicat mais cette soirée fut une bonne soirée : pas de moment de baisse de tension, inventions alternant avec musique plus balisée, plaisir de jouer toujours à l’œuvre.

Le concert débute avec Bruno Chevillon au balai (sur ses cordes, sur le bois), Christophe Marguet dans un jeu arythmique et Olivier Benoit dans une séquence qui prend assez vite un tour ultra répétitif, ce qui offre un tremplin à Sébastien Texier qui peut installer sa voix. Bruno Chevillon, à son tour, fait chanter sa contrebasse, Christian Marguet instille quelques bribes rythmiques et le chant de Sébastien Texier prend son plein envol. Plus tard, nous aurons un duo de percussions avec C. Marguet et … Olivier Benoit, bientôt rejoints par les deux autres.
Ces séquences illustrent bien ce que nous ont offert ces très bons musiciens. Il ne s’agissait pas d’explorer le son ou les limites des instruments, ou pour être plus précis, ce n’était pas là leur finalité exclusive, puisque aussi bien la pulsation rythmique et le « chant » trouvaient de temps à autre une place toute naturelle dans leur prestation. Il s’agissait de produire une musique sensible, inventive, parfois hypnotique.

Des quatre musiciens, Olivier Benoit était le moins connu : je sais qu’à présent, il faudra compter aussi avec lui. Il a animé le concert par ses initiatives (séquences répétitives, exploration du son, solos et duos …). (en savoir plus)
La soirée de Bruno Chevillon fut moins électronique et moins aventureuse que lors de sa rencontre avec Hasse Poulsen (voir brève de concert) mais il était bien dans ce double registre d’exploration et de jeu balisée. Une figure de proue de la scène française.

Sébastien Texier m’a agréablement surpris, en particulier après la moitié du concert, lors d’une séquence « d’envol » : le chant laissait la place à des cris, des sons doublés, des déchirements, des miaulements et des sons souflés qui trouvaient une place naturelle, évidente. Ce soir, il m’a semblé plus inspiré que lors de sa prestation avec le Strada Sextet (voir brève de concert).

Quant à Christian Marguet, ses contributions aux groupes d’Henri Texier m’avaient déjà convaincu de son talent, de sa sensibilité. Ce soir, il s’est encore dépassé : il est habité par ses instruments.
J’ignorais ce qu’il pouvait produire lorsqu’il est maître du jeu. Ce soir, son groupe a montré qu’il existait une nouvelle voie dans le monde des petites formations de qualité en France. Souhaitons au groupe qu’il ait le temps de se bonifier encore et de trouver la reconnaissance qu’il mérite.

L’émission d’Anne Montaron sera diffusée sur France Musiques le 13 juin à 23h et pourra encore être écoutée sur le site de Radio France dès le lendemain, pendant 2 semaines. Il faudra en profiter avant la coupure estivale.