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Jazz à Paris
5 mai 2010

Raphael Imbert de Vialas aux Lombards

Orgue du temple de Vialas
vialas_orgueSur la route du mont Lozère, dans un lieux-dit ne comptant que deux maisons habitées à l'année, une affichette annonçait un concert orgue et saxophone au temple de Vialas (construit en 1612) pour le 18 avril.
Trop peu de concerts sur place pour bouder celui-ci.
Le duo était composé d'André Rossi, organiste, compositeur, improvisateur, spécialisé dans la musique baroque, et de Raphael Imbert, improvisateur ... de jazz.
Le programme, faisant une large place aux chants liturgiques luthériens, à Bach, à Purcell, était particulièrement adapté à ce village cévenol, protestant dès la Réforme. On y mentionnait aussi des negro-spirituals, Duke Ellington, Coltrane et Ayler, ce qui était plus incongru en ce lieu, l'essentiel de l'assistance n'ayant eu aucun écho des deux derniers musiciens. J'avoue de mon côté une certaine réticence à ce mélange des genres, les tentatives antérieures de convergence ne m'ayant pas paru particulièrement fécondes (oui, même "Play Bach").

André Rossi confiné à son orgue, l'animation de la soirée revenait à Raphael Imbert, souriant, volubile, pédagogue.

Dès le premier choral luthérien, le chant de Raphael Imbert quittait l'interprétation canonique pour une improvisation très lyrique, résolument inspirée par Coltrane, le free, voire par Evan Parker.
Le Temple allait-il se vider devant une telle entorse au chant liturgique ? De fait, un seul couple sort, discrètement, le reste de l'auditoire restant fidèle ... et fasciné.
C'est que le tandem Rossi - Imbert a mis au point une démarche de convergence des deux solistes qui garde toute l'authenticité de chacune des écoles musicales, séparées pourtant par un océan et plus de deux siècles d'histoires ! Les ancêtres de Coltrane, d'Ellington et d'Ayler faisaient peut-être le voyage sans retour dans les cales des négriers lorsque Bach écrivait ses louanges à Dieu, au coeur de l'Europe.

L'auditoire acceptait ce jazz, fût-il free, qui amplifiait et donnait des couleurs nouvelles à la musique baroque. Il était séduit par ce lyrisme sans fard. Le jazz fan, lui, goûtait les variations baroques entrelaçant savamment le discours free au sax ou à la clarinette basse. Il observait cette liberté de jeu sans concession ... et ce culot.

Bien des moments forts, à l'exemple de ce vieux spiritual "He Nevuh Said a Mumbalin' Word", joué là d'une manière particulièrement émouvante, la sonorité des lieux amplifiant les accents de cette musique. Ayler n'était pas loin.

Un grand regret : pas de photo ni de vidéo.

Deux trois mots échangés à l'issu du concert, en particulier à propos des risques sur le futur concert au Duc des Lombards, en raison de facéties volcaniques (n'essayez pas de prononcer le nom islandais, vous risqueriez une entorse de la langue).

Effectivement, Joe Martin (b) et Gerald Cleaver (dms) n'ont pu faire le voyage. La date du Duc a pu être cependant maintenue grâce à Cedrick Bec (batterie) et Simon Tailleu (contrebasse).

Pour voir l'album, cliquez sur la photo
10_04_26_18_Raphael_Imbert

Qu'allions-nous entendre ?
Changement d'ambiance et de projet. Il s'agissait là du répertoire de "New York Project".
Musique profane, donc, et hommage à cette ville, à ses musiciens, au bouillonnement de son jazz.
Des thèmes du répertoire (dont Ugly Beauty de Monk) et un double hommage de fin à Albert Ayler (Ayler is everywhere) et à Charlie Parker (Ecosystem of City Birds). Ce Bird là me semblait avoir entendu certains des thèmes d'un autre oiseau, non contemporain pourtant, Ornette.
C'est ce dernier double morceau que je vous propose de partager, pour une vingtaine de minutes. On y retrouve ce qui fait la permanence du jeu de Raphael Imbert : une sensibilité à fleur de peau, son obédience coltrano-aylerienne (oui, je viens de trouver çà), et son goût des innovations instrumentales parfaitement intégrées à son discours.

Ayler is Everywhere

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Ecosystem of City Birds

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Il y avait bien une autre séquence de la soirée que j'aurais aimé partager : "Klezmer Dream". Mais force est de reconnaître que la version montée à partir de l'enregistrement du disque est meilleure encore. Vous aurez ainsi un tryptique Vialas, Paris, New York.

Klezmer Dream

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Quelques adresses utiles :
http://www.myspace.com/simontailleu ,
http://www.myspace.com/cedrickbec ,

www.raphaelimbert.com ,
www.myspace.com/raphaelimbert ,
www.myspace.com/raphaelimbertandrerossi .

Pour voir toutes mes vidéos : http://www.youtube.com/user/dolphy00   
Retrouvez toutes les brèves de concert .
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