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Jazz à Paris
27 septembre 2011

Hors Ciel (live) : en sa propre nuit (Lasserre - Achiary)

Didier_Lasserre___Benat_Achiary___Hors_Ciel_liveQuatre pièces, enregistrées lors d'une émission "A l'improviste" avec Beñat Achiary (chant) et Didier Lasserre (batterie).

Il s'agit là de deux musiciens qui ont déjà joués ensemble. Ils se connaissent bien. Mais je ne suis pas sûr qu'il en soit de même pour le public, tant cette musique est étrange, et même malcommode en ce qu'elle dérange les habitudes d'écoute lors d'une première audition.

C'est particulièrement vrai pour Beñat Achiary.
D'abord, il faut préciser qu'il s'agit bien de chant, et non d'exploration de la voix comme matière, bien qu'on y retrouve par moments des sifflements, des chuchottements. Dans cet espace a priori balisé, on est saisi par le parcours, les sinuosités, les changements de timbres, de registres, de puissance, d'accents, que sais-je encore.
On imagine l'épuisement qui doit saisir Beñat Achiary à chaque pièce chantée, les dégâts dans sa gorge ... mais il n'en est rien, du moins lorsqu'on écoute la suite du disque, enregistré en une seule prise, dans les conditions du direct.

Didier Lasserre est tout aussi impressionnant. Il se place là en symbiose totale avec le chant, dans une anticipation étonnante. Cet esthète de la rareté sait être là très présent, accentuant par exemple le caractère dramatique d'une séquence par quelques touches sombres, ou survolant les cymbales d'une frappe légère. En un mot, sa musique est poème.

On aussi saisi par leur inventivité. Et leur virtuosité n'est pas gratuite. Elle est au service de la sensibilité de l'auditeur. Elle est là pour nous offrir des collages étranges, certains fragments des univers des musiciens venant percuter nos vagues images d'un passé incertain, nos histoires réelles ou phantasmées,  chacun se laissant impressionner (comme une pellicule photo) au gré d'une flexion de voix, de la résonnance d'un tom. Ainsi, la beauté de cet enregistrement se révèle progressivement (encore au sens photographique), après avoir doublé le cap d'une première écoute toute déboussolée.

Une séduction très secrète, à mèche longue.

La pochette du disque est à l'avenant : très sobre (carton quasi brut) et peinture (exemplaires uniques) de Didier Lasserre.
Un bel objet.
Amor Fati  : Fatum 020

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