Steve Dalachinsky - photo dolphy00
Steve Dalachinsky est un personnage.
Il est poéte et réalise des collages à ses heures.
Il est poéte et écrit sur la musique.
Il déclame aussi, il projette ses textes sur scène, en compagnie de musiciens.
Il parle musique en évoquant certaines figures musicales, comme Albert Ayler ou Cecil Taylor.
Lorsqu'il vient à Paris, il attire bien des musiciens qui, volontiers, acceptent d'entrelacer leur notes à ses mots. Une sorte de fièvre s'empare alors d'un public mis en appétit par cette noria musicale.
Je n'y échappe pas non plus, comme l'attestent ces quelques brèves : au Bab Ilo avec Rasul Siddik et Aldridge Hansberry , avec Bobby Few et Sabir Mateen à l'Archipel, avec John Tchicai au Souffle Continu, avec Carlos Zingaro et Maguelone Vidal à la Galerie Hus .
Cette année encore, après un concert auquel je m'étais promis d'assister, un petit tour au Bab Ilo, en cette fin du mois de mai, pour l'entendre avec deux musiciens que j'affectionne : Jobic le Masson (au piano) et Abdelhaï Bennani, dont le son au ténor toujours me chavire.
Abdelhai Bennani - photo dolphy00
Ses textes sont-ils si bouleversants ? Je ne saurais le dire, ma compréhension de l'anglais étant des plus sommaires. Mais il sait dire.
Parfois il improvise, comme tout jazzman, écrivant ses textes au club même, juste avant de se produire, sur une feuille arrachée d'un cahier. Ce soir là, en revanche, c'était bien préparé, imprimé. Il citait je crois des extraits de son dernierr ouvrage, "the Mantis for Cecil Taylor" (2011) inspiré et en hommage au pianiste, écrit en partie lors même de concerts (entre 1966 et 2009).
Naturellement, avec "Piano player", Jobic le Masson se lâche, virevolte sans cesse, empruntant ses accents aussi bien à Cecil Taylor qu'à la grande tradition du jazz, mais en éclatant ses figures dans un kaleïdoscope résolument avantgardiste. Un pur régal. Quant au sax d'Abdelhaï Bennani, il nous délivre des sonorités déchirées, des plaintes issues de contrées imaginaires sauvages, arides, des souffles qui brusquement font entrapercevoir leur trames complexes.
Un regret : n'avoir pas enregistré ce poème dès le début.
Lien direct : http://youtu.be/h8YecDzjTKc
Un autre poème, "Give me", avec un Bennani parfois en quasi solo, encore plus écorché ... si c'était possible.
Lien : http://youtu.be/OQjcuxxfEZc
Un autre "Piano player" sur Flux Jazz