Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jazz à Paris
17 septembre 2013

Agnel, Duthoit, Duboc @ Home (juin 2013)

Duboc, Duthoit, Agnel juin 13_jazz@home 51

Dernier concert de la saison 12-13 de l'étonnante série Jazz@Home , avec trois défricheurs de premier plan.
Sophie Agnel venait avec son instrument totalement inédit, le nopiano/cordophone (photo du bas), un cadre permettant d'atteindre les cordes avec tout un arsenel d'objets sans avoir à se pencher au dessus d'un clavier de piano. Elle y déploie toute la richesse des transformations sonores qu'elle sait produire, construire, découvrir, sur un hyper instrument donnant une nouvelle ampleur à son univers sonore déjà impressionant (* voir notice en bas d'article).
Benjamin Duboc, l'un des musiciens les plus souvent invité dans cette série de concert. Une contrebasse aux sonorités amples, profondes, envoûtantes, surtout lorsqu'on a la chance de pouvoir l'écouter de très prés (ici, un mètre). Un instrument sollicité de bien des façons, mais sans recherche apparente : le vocabulaire de Benjamin Duboc est déjà très riche, très maîtrisé, quasi naturel.
Au milieu de la scène, Isabelle Duthoit, torturant à plaisir sa clarinette et sa voix.
Un concert stupéfiant de sensibilité, de maîtrise, illustration superlative de la pleine maturité atteinte dans les musiques improvisées. On ne se cherche pas, on n'échauffe pas les doigts. Concentration initiale, probablement respirations, puis la musique commence de sourdre, de s'écouler, de dérouler ses volutes, ses entrechocs, ses trames ...

Rendre compte de ce moment d'exception revient à choisir l'un de ses aspects, à moins de verser dans un voyage textuel métaphorique aussi riche, complexe, sensible que celui des musiciens (c'est pour toi, Claude).
Focale donc. Au milieu du concert. Avec une séquence où Isabelle Duthoit accapare le devant de la scène.
Sophie Agnel installe des trames hypnotiques, complexes dont elle a le secret, ponctuées, brisées par des frappes aux couleurs étranges. Bien qu'à côté d'elle, on regrette de ne pouvoir survoler son instrument, ses mains, ses objets, de ne pouvoir observer la naissance de cette musique inédite.
Benjamin Duboc revisite l'une de ses figures, une forme de basse continue aux couches multiples sur le cordier, une atmosphère obsédante.
Sur sa clarinette, Isabelle Duthoit "avale" des claquements, sussure un discours quasi apnéïque, de retenue et d'éclats. Des roulements légers. Quelques cristaux isolés. Puis elle délaisse la clarinette et se met à chanter.
Les yeux fermés, un sourire en coin, un dialogue avec soi-même des plus déroutants. Une comédie sûrement, un conte sans queue ni tête dit par une petite fille dans un gazouilli extraterrestre. Des graves aussi, en fulgurance, faisant penser à des psalmodies japonaises. Des roucoulements, tout un vocabulaire à la fois commun et inédit, une forme de métaphore de la musique improvisée : inventer des assemblages, des traitements, faire musique de toutes sortes de matières sonores "naturelles" comme le bois, le métal, la voix ...
Des vibrations sourdes, erratiques, des frappes sur les cordes de la contrebasse qui marquent une forme de tempo, tremplins pour la voix qui se lance alors dans une improvisation encore plus invraissemblable pour finir (dans l'extrait vidéo seulement) par des craquements, une ébauche minimale de la voix.
Des mots tout cela, rien que des mots.
La musique et les images sont là pour que vous puissiez vibrer à votre tour, aussi souvent que vous le voudrez.


Lien direct : http://youtu.be/rPRXhYkyknc

En principe, l'intégralité de ce concert sera mis en ligne sur le site de Jazz@Home, dans la rubrique "archives" . Y faire un tour de temps à autres.
---
* le cordophone de Sophie Agnel
Sophie Agnel passe la plupart de ses concerts debout, penchée en équilibriste sur les entrailles de son instrument, le piano, lui triturant les cordes pour qu’il crache jusqu’à la dernière goutte de son.

Après avoir utilisé cet instrument pendant plusieurs dizaines d’années comme médium lui permettant d’avancer dans son chemin artistique, après s’être « adaptée » aux pianos, à tous les pianos, Sophie Agnel désire un instrument sur mesure, qui s’adapterait à elle, à son jeu, à ses nouveaux désirs de sons, de spatialisation, aux limites de son corps…

Mais aussi un instrument qui la surprendrait, qui transformerait son écoute, ses gestes, et donc sa musique. Pour cela, le GMEA et Laurent Paquier, luthier, l’ont aidé à concevoir, fabriquer et inventer un nouvel instrument à corde électro-accoustique, une nouvelle lutherie qui lui permet d’avancer encore dans ses recherches sonores et expérimentales : le cordophone.

Le cordophone de Sophie Agnel * Sophie Agnel _cordophone-nopiano light

---
Retrouvez toutes les brèves de concert .

---

Publicité
Publicité
Commentaires
Jazz à Paris
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 561 573
Archives
Publicité