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Jazz à Paris
22 octobre 2013

Sébastien Branche "Ligne irrégulière" par Claude Parle

Sébastien Branche - Ligne irrégulière Sébastien Branche - ligne irrégulière 2

J'ai été accroché, intéressé par cette musique de Sébastien Branche, mais la prose de Claude Parle me semblait aller à l'essentiel, avec précision, avec sensibilité aussi.
Ainsi, avec sa permission, sa chronique :


Certes, attaquer l'instrument sous l'angle du matériau n'est pas en soi une idée nouvelle, mais, dans cette radicalité et dans l'exploration méticuleuse et systématique du son, Sebastien Branche s'emploie avec un souci du détail, un esprit de conséquence, à renouveler l'approche traditionnellement orientée "production/émission" du son .

Si l'on ne peux s'empêcher de penser à Guionnet, Chris Senhaoui, Gauguet , Denzler ... l'approche demeure résolument matérielle ...
Le timbre constitue un matériau dynamique et non un rapport compositionel, l'exposition donne une sorte de phase "géographique", non d'écriture ...
Les rapports de hauteurs fonctionnent comme les strates d'une coupe, une sorte de "carotte" dans l'épaisseur d'une plaque tectonique simplement posée sur le vortex d'une planète de son ...
Méthodiquement on passe d'un relevé à l'autre, notant les contiguïtés aussi bien que les lignes de fractures, lentement mais précisément, comme on mémorise les clichés issus d'un scanner, on finit par obtenir une représentation à cinq dimensions de cette Branche de saxophone ...

Cette radicalité de l'approche semble se faire suivant deux axes :
Libérer totalement l'instrument du corps de l'instrumentiste.
Reconsidérer l'instrument très connoté comme "objet sonore".

Le travail de Sebastien se distingue des approches connues d'instrumentation "étendue" en ce qu'une partie de son travail de mises en rapport, de mise en avant classiquement faite par l'ingé son est effectuée par lui même en tant de "surbrillance" de son jeu instrumental ...
Ce qui le conduit à différencier, à tronçonner littéralement le saxophone ! ...
Il met en juxtaposition et succession des zones et des utilisations en déconstruisant l'objet sans pour autant se livrer à une quelconque acrobatie mécanique.
L'instrument, spatialisé par la table de mixage, n'est en rien artificiel parce que cette séparation de projection sonore n'est que le prolongement naturel de l'exploration séparée/séquencée du musicien.
De même l'utilisation de filtres n'est qu'une manière directive de relever les sensations proximales du joueur que le public ignore.
Sébastien envoie aussi des sons dans l'instrument, qui devient à son tour une sorte de filtre adaptatif et dynamique ...
Un peu comme si le musicien de nos jours, d'interprète qu'il était, tende à devenir lui aussi une sorte de filtre vivant, de ses tendances, de sa recherche, de sa pratique sociale et artistique, de l'incertain de son époque aussi, comme pour s'assurer de sa consistance ...

Un travail intéressant à prendre en compte, résolument ...

C.P

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Sébastien BrancheSur le site de Sébastien Branche :
"Le saxophone est placé sur un pied pour une complète indépendance de mouvement, et peut ainsi être utilisé comme objet en lui-même, en conjonction avec les différents accessoires accumulés au fil des années. 
Les micros (couple stéréo) ont été placés autour de l'instrument, afin que l'auditeur puisse entendre certains sons voyager d'un côté à l'autre lorsque ceux-ci sont clairement localisés sur le corps de l'instrument. 
Aucun montage, un peu de mixage.  Il est disponible en téléchargement et en édition limitée sur CDR avec un packaging maison (via bandcamp, clic ici pour y aller)".

Disponible aussi à l'écoute sur Soundcloud :
https://soundcloud.com/neitsabesax/sets/ligne-irreguliere  

et sa bio en ligne

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