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Jazz à Paris
13 janvier 2020

Guts : Joe McPhee, Peter Brötzmann, Kent Kessler & Michael Zerang

guts cover

Il s’agit du second album enregistré avec cette formation qui fait rêver, après « Tales Out of Time ».

Enregistré en 2005, il a été publié en 2007. Il a été récemment réédité sous forme de CD en série limitée, mais il est déjà épuisé. Il reste cependant dans le circuit commercial en version numérique téléchargeable pour 10$ (+ la TVA, soit 12€).

Il ne comporte que deux pistes, l’une « Guts » de 17 mn, l’autre « Rising Spirits » de 41 mn. Seule la première est en libre écoute. 

Elle débute par un solo de batterie (2mn20), ciselé évidemment quand Michael Zerang officie. Puis c’est à Peter Brötzmann seul qu’incombe d’alimenter la fournaise, à l’alto je crois, suivi dans cette phase infernale par Joe McPhee, probablement au tenor. Les deux saxs se rejoignent pour un déluge de sons rauques, enfiévrés. Peter Brötzmann repart de plus belle dans un tourbillon féroce qui frise la transe. Peu après la 9e minute, l’épuisement du souffle semble gagner, une accalmie s’installe, des plaintes, Joe McPhee venant ponctuer de deux notes répétées les râles de son compagnon. La basse et la batterie se taisent. Quelques couleurs bluesy commencent de poindre, une forme de recueillement se met en place. Vers la 11e minute, une impulsion de McPhee à laquelle répond immédiatement Brötzmann, un retour des deux autres et ce blues fait se dandiner, sans qu’on y prenne garde au début, puis d’une manière irrépressible. Le 4tet libère alors une jouissance festive digne des moments les plus chauds de Cannonball ou des Messengers, toujours dans un free impeccable, occasion pour l’américain de nous promener dans cet entre-deux free-blues, alors que les peaux chantent. Retour du groupe au complet pour un passage de relai à l’autre sax, tout aussi dansant et incendiaire. Tout le groupe se retrouve pour une communion bien méritée. Une fête collective.

Dans la seconde et plus longue pièce (41 mn), « Rising Spirits », c’est Kent Kessler qui ouvre le bal, longuement, les trois autres offrant bourdonnements agacés, drônes, parasitages, plaintes lentes, sifflements, murmures. Ce n’est qu’à la 11e minute (!!!) que les souffleurs prennent leur envol, Joe McPhee s’emparant de sa trompette, que Ken Kessler quitte l’archet pour pincer ses cordes et que Michael Zerang libère ses roulements et autres frappes chaotiques. La fête sauvage, païenne, reprend. Peter Brötzmann libère ses circonvolutions tourmentées, ponctuées de temps à autres par la trompette. Une accalmie, pendant laquelle Joe McPhee dispense un chant, lent, bluesy, intense, merveilleusement accompagné de frappes éparses et diablement efficaces de Michael Zerang. Un chant sur les cordes pincées, une batterie qui ne pense qu’à danser occupent seuls l’espace puis c’est le retour impérial du sax de Joe McPhee ...
Dans la seconde moitié de la pièce, les deux cuivres restent seuls à dialoguer, avec toute l’énergie qu’on peut facilement imaginer puis, à nouveau, l’accalmie. Une ballade lente, lyrique, longue. Lorsque la batterie et la basse reviennent, c’est l’un des souffleurs qui se met en retrait puis l’autre. De magnifiques moments qui prennent le contrepied de l’image de «machine gun». Et c’est ainsi que finit cette piste

On peut se perdre. Qui joue ? De quel instrument ? On guette, on scrute du bout des oreilles, et ça affute l'écoute. On profite davantage de la musique. Merci à Daunik Lazro de m’avoir aidé à m'y retrouver, pour vous aider à mon tour. Il avoue que parfois, surtout chez Joe McPhee, la différence est ténue entre alto et tenor, et qu'il peut s'y perdre, même lui. Mais essayez à votre tour, en faisant fi des mots qui précèdent.

Que tout soit clair ou pas, cet album est un festival. À vous de profiter de ce bonheur musical, et d’y mettre vos mots (ou pas)

L’écoute à présent ? C’est sur Bandcamp.

Pour l'achat de l'album, ou pour vos onglets, l'album est là : https://joemcphee.bandcamp.com/album/guts
Une fête ? Oui, au moment de l’enregistrement .
L’ingénieur du son, Malachai Ritscher, s’est immolé par le feu l’année suivante pour protester contre la guerre en Irak. C’est en hommage au cran de cette personne (Guts) qu’a été publié cet album.

Trois autres chroniques sont proposées, toutes en anglais :
* All About Jazz : https://www.allaboutjazz.com/guts-joe-mcphee-okka-disk-review-by-lyn-horton.php?width=768

 * All Music :  https://www.allmusic.com/album/guts-mw0001623480

 * Free Jazz Blog : http://www.freejazzblog.org/2007/08/joe-mcphee-peter-brtzmann-kent-kessler.html

Et pour ceux qui en souhaiteraient davantage, une séquence vidéo bien ancienne, de 2009, aux Instants Chavirés, de ce même quartette.

La brève chronique et ses photos sont là.
À noter que sur la scène des Instants Chavirés, Joe McPhee était à gauche, de même que sur l'album Guts. Je vous laisse vous perdre en conjectures sur le hasard et la nécessité.
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Retrouvez toutes les chroniques —-

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