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Jazz à Paris
10 février 2021

WHO trio « Strell » (Clean Feed records CF533CD)

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WHO comme Michael Winch (p), Gerry Hemingway (dm) et Bänz Oester (b).  Ce trio tourne depuis une vingtaine d’années. Il a voulu se doter d’un projet, Strell, qui en marquerait sa pleine maturité.

Strell ? C’est une contraction de Billy Strayhorn et de Duke Ellington. Ils nous ont quittés respectivement en 1967 et 1974 (oui, déjà). Ils nous ont légués, entre autres, un grand nombre des standards qui font partie de l’histoire du jazz. Si vous souhaitez vous remettre en mémoire certains d’entre eux (voire vous en révéler certains), si vous voulez regoûter à ces délices d’antan, cette initiative peut accrocher votre intérêt. 

D’autant qu’ici, il n’y a pas de place pour la nostalgie. C’est une proposition de réponse à la question : qu’ont à nous dire aujourd’hui ces compositions ?

Chaque thème abordé, il y en a neuf, choisit une façon spécifique d’aborder ces vénérables legs avec le vocabulaire d’aujourd’hui. Une sorte de « sur mesure ».

Prenez « The Mooche ». Des cordes graves qui claquent, qui résonnent, hors de tout rappel du thème; des percussions erratiques; deux trois notes sur le clavier pour un peu de couleur dans cette sculpture cubiste. Puis comme une plainte à mi chemin de coups d’archets et de chants d’un trombone, peut-être la voix de Gerry Hemingway. Michel Wintsch (p), se fait un peu plus disert, pose quelques taches impressionnistes qui suggèrent le thème alors que les « plaintes » continuent de se déployer sur une rythmique minimale, « straight ». Il faut attendre plus de trois minutes pour que quelques douceurs délicates vous soient servies, et encore, brisées,  souvent hachées ou déstructurées. Et c’est presque vers la fin que la basse de Bänz Oester nous offre un segment du thème, en une forme de câlin.

On se souvient que le trio Ellington, Mingus, Roach nous avaient préparé ce magnifique et fragile bouquet de fleurettes africaines. Ici, les rôles du piano et de la basse sont inversés, alors que les baguettes mitraillent hors de toute scansion. On y retrouve l’impressionnisme d’antan, mais comme pris dans une boucle, dans une fièvre douce.

Prenez le Train A. Il est présenté en un ostinato, parasité par un archet sur une cymbale, brouillé de brosses métalliques, de percussions qui suivent un autre train, d’une basse sourde et insistante restant sur peu de notes. Vous voilà embarqué.

La Passiflore, une balade comme distillée alors par Johnny Hodges et Duke Ellington, se retrouve ici en un mode groovy, irrésistible, martelée d’accords obsessionnels au clavier se comportant comme un substitut au thème de Billy Strayhorn. On doute : une erreur ? On retrouve pourtant ce dernier, comme par inadvertance, en fin de pièce, comme un prolongement naturel de ces accords.

Si on peut se régaler des interprétations originales, et pourquoi pas d’une certaine tendresse pour ces années révolues, le WHO trio nous gratifie de versions radicalement neuves, belles, épurées des accents d’alors, comme s’il s’agissait de compositions d’aujourd’hui. C’est un bain de jouvence de ces trésors passés. Une joie irrésistiblement contagieuse. 

Cet album est sorti sous format CD, LP chez Clean Feed Records (CF533CD). C’est l’occasion d’en passer commande auprès de votre disquaire : il vous attend. Il est aussi disponible sur Bandcamp https://whotrio.bandcamp.com/releases

Seul le Train A y est proposé en libre écoute  

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