Nuts à La Java le 6 février 2017
Nuts à La Java ! Un événement.
L'organisateur, Gérard Terronès, était malheureusement souffrant. Benjamin Duboc lui a dédié ce concert.
Ce groupe avait gravé un CD qui avait marqué les esprits chez Ayler Records en 2009. D'une part, en raison du format très original du 5tet : 2 trompettes (Itaru Oki et Rasul Siddik), 2 batteries (Makoto Sato et Didier Lasserre) et une contrebasse, celle de Benjamin Duboc. Et, d'autre part, la musique était radicalement neuve ("symphonie for old and new dimensions", titre de l'album). L'écoute mutuelle très affutée des musiciens produisait un jaillissement musical continu. (lire la chronique)
Il ne s'était pas reformé depuis cinq ans. Aller à ce concert était donc une forme de déclaration d'amour. Oui, nous avions adoré les concerts d'alors. Oui, nous espérions une soirée magique à La Java.
J'attendais une musique qui prenne le temps de s'installer avec des lancers de filets sonores ... On n'en a pas eu le temps. D'emblée, Itaru Oki proposait une esquisse de thème (4 notes) qui servira de pivot, de tremplin, de passerelle entre les cinq musiciens. Très vite, les musiciens se sont trouvés pour cet assaut musical ininterrompu : déferlantes sur les batteries avec des registres contrastés, danses et rondeurs de Makoto Sato, frappes très variées, irrégulières et inexorables de Didier Lasserre; murmures, chants, étranglements suraigüs d'un Itaru Oki très inspiré à la trompette, au cornet, avec son jeu simultanée sur deux petites flûtes à mi-set; vrilles, fulgurances métalliques de Rasul Siddik, qui n'a dédaigné ni une petite flûte ni les percussions diverses qu'il affectionne. Et un Benjamin Duboc absolument omniprésent, à l'archet, aux cordes pincées, claquées, nous octroyant de surcroît un long solo, faisant résonner amplement ses cordes, un vrai chant (doublé d'un chant intérieur) accompagné des frappes sélectives de Didier Lasserre, à mi-parcours.
Une connivence totale entre les cinq artistes, visiblement très heureux de s'être retrouvés. Une fête, un moment magique pour ceux qui étaient venu les écouter, convaincus d'emblée du moment fort qu'ils allaient vivre.
Pour illustrer ce propos, un extrait de cette musique, la fin de ce set :
Comme on peut le voir, le public n'était pas avare d'applaudissements. C'est qu'il s'agissait d'une soirée mémorable. Il en redemandait, avec une insistance inébranlable. Des regards entre les musiciens, puis les trompettes s'écartent pour un bis avec seulement deux batteries et une contrebasse.
Un public comblé. Les musiciens tombant dans les bras l'un de l'autre. La fête vous dis-je
Pour finir, un album photos là.
17-02-06 Nuts @ La Java : Toutes les photos 17-02-06 Nuts @ La Java - Jazz à Paris : Itaru Oki & Rasul Siddik (tp), Benjamin Duboc (b) Didier...
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