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Jazz à Paris
17 septembre 2018

Épiphanies par Jean-Brice Godet (Gigantonium)

jean-brice godet epiphanies recto

Le titre de l’album ne fait pas référence à la révélation divine devant l’enfant Jésus (du moins, je le crois) mais plutôt à une vérité dont l’évidence soudaine éblouit. Eurêka! J’ai trouvé !
Et un sous-titre qui annonce la couleur : «8 études pour dictaphones, radios et clarinettes». Il ne s’agirait donc pas, a priori, de fouailler les tréfonds de l’âme de l’artiste mais bel et bien d’explorer méthodiquement un nouvel horizon, un langage musical neuf, pourtant déjà abordé lors de différents concerts, posé alors comme un défi encore à relever, mais dont la nécessité pour lui ne faisait d’emblée aucun doute. Et avec Épiphanie, Jean-Brice Godet est prêt. Le défi est relevé. Et il nous offre de l’entendre en huit plages.

En « Ouverture », une diffusion musicale lointaine, brouillée de bruits blancs , de crépitements. Elle est suivie de grondements multiples, complexes, très graves de la clarinette. Nous sommes « Dans la matière». Autour d’une seule note, un peu comme en forme d’aboutissement du travail de Watt (4tet de clarinettes). Et quand ces grondements s’envolent en un chant tout chantourné, à l’arrière plan un récit (peut-être un poème) dans une langue qui pourrait être de l’anglais, mais avec un vague accent d’Ecosse (de l’allemand ?) : « Well you know »
Des claquements à la clarinette, d’autres frappes entêtantes en arrière plan, des irrégularités, en une forme de gamelan mixant vents, souffles, percussions, crépitements ... « Petit poème symphonique ».
Quant à « Continuum », il s’agit d’un chant tout de circonvolutions en chant continu, bien évidemment .

Peut-être le moment le plus intense de l’album, « L’absence ». Une variation qui pourrait être sans fin sur ce qui n’est plus, sur la souffrance tenue à distance, sur des messages de désarroi, sur des émergences du passé sur fond de grésillements, de brouillage, tout cela dans la retenue, s’habillant de banalité, comme pour en atténuer les effets présents. Et là, je craque. Dès la première écoute. Cette pièce joue comme une révélation (d’où peut-être l’épiphanie) de la finalité de l’album : un regard voulu comme factuel (les titres l’attestent), pour ne retenir que l’essence d’une sensibilité très pudique.

Puis la clarinette basse reprend ses résonance mêlant souffle et sifflement, toujours autour d’une seule note, comme pour souligner que seules comptent les sonorités et leurs « Aspérités ». Et comment finir sans « Final », sorte de résumé des boucles, des frappes répétées, des cycles qui tournent à vide, des souffles, des marées de brouillages ponctuées de bips, des voix lointaines.

Cet album émerge de la production actuelle. Il accroche l’intérêt, l’attention. Il nous attache comme par surprise. La séduction d’un vrai talent.

Cet album est disponible en version numérique : http://gigantonium.bandcamp.com/album/jean-brice-godet-piphanies
(ou cliquez sur la photo)


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