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Jazz à Paris
2 avril 2020

Tom Malmendier, Emilie Škrijelj Les Marquises

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L’humour affleure dans cet album, Les Marquises : le nom du groupe ainsi que ceux des trois pièces : « Des carottes dans les cheveux », « Chemins de pluie » et « Au fond d’une tisane ». D’autre part, ce duo prétend être un trio, peut-être du fait qu’Emilie Škrijelj joue des platines et de l’accordéon. 

Quant à la musique, ça crépite de partout, les pulsations électriques, le jeu sur la platine, les frappes sur la batterie, cela dans une sorte de continuum des sonorités entre les instruments. Difficile par moment de savoir qui joue quoi, l’électronique propulsant des motifs, des leitmotivs percussif. Cette musique sans pulsation, fût-elle irrégulière, nous cloue véritablement sur notre siège. Un jeu nerveux, une tension insistante. Ça pépie en boucle, ça pétarade, ça éructe, ça grésille. On imagine des frappes sur des tubes de bambou, des pluies de brindilles, des babillages, des chants nasillards ou un discours d’un Donald Duck en verve,  mais il s’agit d’électronique et de ses masques multiples. La batterie de Tom Malmendier dispose alors, de facto, de tout l’espace nécessaire pour ses mitrailles lentes, infatigables. Cette musique pourrait ne pas avoir de fin. Seuls quelques coups de baguettes sur une cymbale signent la fin « Des carottes dans les cheveux ».

Et l’accordéon ? Il apparaît sur les « Chemins de pluie ». Une sorte d’infra jeu baigné d’électronique, d’une parole, d’un dialogue à peine identifiable. L’accordéon mime l’électronique, qui en retour le parasite. Les mots d’une langue non repertoriée viennent s’y mêler, les grésillements, les crépitements, les ondes radio d’un autre temps aussi. Les roulements sur les peaux, continus, assombrissent cette atmosphère, viennent ponctuer, casser, hacher le continuum électronique. Ici, nulle recherche d’éclats, de figures, mais simplement la contribution à des paysages insolites dessinés par Les Marquises. Et c’est peut-être là qu’est le troisième personnage du trio: c’est la fusion des discours.

« Au fond d’une tisane » qu’y lit-on ? Aussi difficile que pour le marc de café. Tout est question d’imaginaire, et ici il est fortement sollicité. Même utilisation de l’accordéon comme substitut, complément de l’électronique, des chaos à la batterie, peut-être plus prégnants, avec des crépitements mêlés. Et ces paroles toujours aussi indistinctes. L’accordéon revient en première ligne, quasiment sur une note, comme un signal envoyé au loin avant son extinction.

Les Marquises est un album vivifiant, une fenêtre ouverte, une forme de bol d’air dans une période de confinement. Ça bourgeonne de toutes parts.

Tom Malmendier (dm) et Emilie Škrijelj (acc, machines)

L’album vient de sortir sur un jeune label, eux saem; il est disponible sur Bandcamp : http://euxsaem.bandcamp.com/album/les-marquises

Il a été enregistré en octobre 2019 au White Noise Studio en Hollande. 

On peut les écouter sur Bandcamp, mais aussi les voir à l’œuvre grâce à une vidéo de 20 minutes!

 

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