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Jazz à Paris
18 mai 2020

Noël Akchoté et Giannis Arapis «Name It So»

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Noël Akchoté nous avait habitué à des publications d’albums assez généreuses, puis plus rien. Peut-être un temps de retour sur soi-même. 

Mais il revient. Parmi ses publications récentes, ce duo de guitares, avec Giannis Arapis, comportant treize morceaux pour une durée totale dépassant l’heure. 

Dire quelle musique est jouée serait une gageure. On y retrouve ses notes acidulées, dont l’attaque claque presque (ce n’est pas du slap). On y reconnaît aussi certains des parcours musicaux qui ont été les siens. En empruntant le titre à Moussorsky, ce serait des « Tableaux d’une exposition ». Et encore. Si certains sont clairement référencés : Charlie Haden, Coltrane, Ornette, bien d’autres proposent des éclats, des brins de son ADN musical, comme parsemés çà et là.  On croit reconnaître, on l’a sur le bout de la langue, mais c’est tellement transfiguré que la reconnaissance se perd et qu’un autre brin nous interpelle.

Le rôle de Giannis Arapis évolue de pièce en pièce, souvent au sein même d’une pièce. Accompagnateur au début de la première pièce, il la termine avec avec des sonorités à spectre large, chatoyantes. Sur « Mara Xantis », c’est lui qui s’octroie la ligne mélodique, sur une errance aux couleurs indéfinissables, vaguement espagnoles, avant d’entrer dans une boucle qui semble sans fin, qui devient un quasi bourdon, laissant Noël Akchoté poser ses touches expressionnistes. 

Dans « Moon Rouge », Giannis Arapis se paie le luxe d’un rôle percussif, rythmique, parfois facétieux, sans hésiter à changer de cap, alors que Noël Akchoté colore sa guitare de bleu. Et sans qu’on y prend garde, ça se met à sérieusement swinguer, juste un temps. Les brouillards électroniques viennent tout recouvrir avant une douce balade ... qui ne dure pas. C’est ainsi le lieu de l’impermanence, en un feu d’artifice d’initiatives, celui des bifurcations amusées. 

Au fil des plages, Giannis Arepis brouille les cartes, saute volontiers du coq à l’âne, l’humour à fleur de cordes. Noël Akchoté nous titille l’âme à chaque pincement de cordes, et va de temps à autres piocher dans son vaste univers musical des standards d’ailleurs, d’autres esthétiques, en les transfigurant au point que vous vous interrogez : est-ce moi qui imagine où est-ce effectivement là ? Peut-être ne le sait-il pas lui-même. Les idées rebondissent d’un côté à l’autre, et inévitablement les rôles s’inversent. 

C’est ainsi que des accents baroques viennent ouvrir « Theo Gonia », en une forme de danse. Mais les couleurs changent. Peut-être un soupçon de Texas fantasmé, une pincée de Sud profond, une rythmique forcenée d’un côté, des notes comme avalées ou ne laissant que leur résonances, des séquences brèves et répétées, de l’autre, et une transe festive s’épanouit pour près d’un quart d’heure.

Le salut à Charlie Haden bouleverse. Un signe à Coltrane qui désarçonne : oui, c’est bien le thème « Countdonwn », joué lors des pas de géant avec une virtuosité parkerienne et placé qu’en fin de pièce; il est ici au cœur et comme rendu à ses couleurs mélodiques. Ornette aussi, bien évidemment, avec un « Sex Spy » sans Prime Time, et déjà joué par Noël Akchoté dans un de ses albums en hommage à Charlie Haden, une manière de boucler la boucle. 

Trois « Jazz-Two-Three », trois petites virgules de moins de vingt secondes pour clore cet album aux multiples parfums.

C’est donc un enregistrement aux plaisirs multiples, aux contrepieds incessants, qui nous est offert; un excellent remède pour sortir des musiques balisées. 

Cet album est disponible sur Bandcamp, comme d’ailleurs une large part de la production de Noël Akchoté. https://noelakchote.bandcamp.com/album/name-it-so

Je vous propose l’écoute de Théo Gonia

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Retrouvez toutes les chroniques —-

 

 

 

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