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Jazz à Paris
13 janvier 2021

Mathieu Bec « He-Goat »

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Mathieu Bec nous a habitué à des albums de solos de batterie, et nous oublierions presque que ce n’est pas là un exercice banal. 

Le solo de batterie, en effet, était souvent un morceau de choix, parfois de bravoure, qu’on scrutait, qu’on espérait lors d’un concert de jazz (ou dans un album). C’est moins vrai aujourd’hui, depuis que certains batteurs se sont affranchis de ce rôle d’accompagnement de voix solistes.

Mais ici, ce n’est pas toute la batterie mais juste la caisse claire qui est sollicitée, avec des baguettes ou des balais. Rien d’autre. Cela réduit fortement le spectre sonore et conduit à affûter grandement l’écoute sous peine de passer à côté.

Et là, le paysage s’éclaire, la diversité émerge, les couleurs apparaissent au cours des sept pièces de l’album, dans toute leur diversité. Gare à la répétition : l’attention faiblirait, le brouillard estomperait tout. Mathieu Bec a su nous en préserver.

Dans « Branches & Brushes », ça feule, ça bruisse doucement, ça sème des chausse-trappes comme un pseudo chabada, une forme de citation qui nous rappelle la pulsation sous-jacente, abandonnée, reprise, piétinée, oubliée. On retrouve ce jeu en miroir entre rappel de figures passées et jeu actuel dans « An Expected Coming », navigant entre brouillards crépitants, mitrailles irrégulières et danses.

Dans « Defy to Tradition », l’une des baguettes trouve les angles pour des hauteurs différentes dans des frappes répétitives, obsédantes, alors que l’autre envoie des salves de roulements doux ou se joint à la première pour des chants percussifs.

Seule entorse à cette frugalité instrumentale, cette sorte de tuyau flexible qu’on fait tournoyer (un tuyau harmonique ?), au début de He-Goat, avant de reprendre cette errance percussive aux paysages mouvants, pour le pur plaisir des sons, des chocs qui font musique, des mitrailles multiformes.

Et c’est là, dans cette capacité étonnante à renouveler sans cesse les frappes, le vocabulaire et les phrases, les ambiances, avec si peu de moyens, que Mathieu Bec nous réapprend à écouter, à laisser libre cours à nos dérives mentales à partir de sons quasi primitifs. Il nous ferait presque croire que faire musique avec de simples chocs est chose aisée.

L’album est aujourd’hui disponible en format numérique sur Bandcamp, https://mathieubec.bandcamp.com/album/he-goat , avant une sortie en vinyle prévue pour courant 2021. 

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