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Jazz à Paris
26 avril 2021

Michael Attias, Gaël Mevel, Thierry Waziniak « Trio Alta » (label Rives 106)

 

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Cet album est proposé par deux artistes de la scène de l’improvisation, Thierry Waziniak (dm) et Gaël Mevel (vlc), ainsi que par un trans frontalier aussi au plan géographique qu'à celui des esthétiques du jazz, Michael Attias (as) [1]. Ils nous invitent à re parcourir six compositions, sur les neuf de l’album, issues d’autres traditions : Maurice Ravel, Josquin des Prés, Manuel de Falla, Ernest Bloch, Charles Dumont. Difficile a priori de concilier ces dernières entre elles et avec l’improvisation libre. De fait, on est dans une forme d´épure des thèmes, dans une osmose des esthétiques et dans un ailleurs poétique et sensible. Trois thèmes originaux sont de Gaël Mevel et soulignent cette atmosphère délicate.

Dans cette perspective, le trait mélodique est souvent pris par Michael Attias qui sait en extraire un alcool insidieux, au prix parfois d’un dérapage des timbres, comme des fêlures qui en dévoilent les texture intimes, amorces d’errances aux parages de l’improvisation libre. 

Gaël Mevel s’y mêle aussi, mais il se signale souvent comme coloriste, comme messager de sentiments mêlés, comme celui qui fait tanguer l’âme. Ses cordes claquent parfois, s’offrent des tremblements, évoquent même par instants un jazz lointain, mais le plus souvent, c’est l’archet qui déploie ses résonances affectives. 

Thierry Waziniak est ailleurs encore. Pas de tempo, nulle pulsation régulière. Il nous propose des ponctuations, des lumignons dans l’espace alentour par des frappes légères, des poussières stellaires, des constellation de timbres. Une forme de sculpture du  silence. Une économie de moyens pour nous toucher davantage. Peut-être est-ce un vestige de l’écoute de Paul Motian à qui l’un de ses derniers albums a été dédié. https://waziniakthierry.bandcamp.com/releases

Choisir l’un de ces moment n’est pas aisé. Autant retenir la dernière pièce, « L’énigme éternelle » de Maurice Ravel, dont ce dernier a composé deux versions, l’une pour voix et piano, l’autre pour violoncelle et orchestre. Ici, c’est le violoncelle qui est à l’œuvre pour une très délicate ré invention de ce chant. Deux minutes initiales où Gaël Mevel fait claquer ses cordes, où il nous distille un parfum secret, dont les effluves  se propagent longuement dans nos synapses, avant les fêlures d’un Michael Attias sur la crête des timbres, de la mélodie. Une fois de plus, Thierry Waziniak déploie ses touches minimales, cette science des couleurs, des matières, cette discrétion qui nous fait savourer chaque choc, chaque vibration. 

Profitons-en

Trois personnalités à la sensibilité vive pour inviter, réinventer des compositions du passé, hors du jazz, et pour en proposer d’autres tout aussi délicates. Une musique à savourer hors des sollicitations externes.

Un cadeau supplémentaire : la pochette. Toutes sont des créations différentes. Elles sont d’une sorte de caoutchouc aimanté qui assure l’adhérence des deux côtés. Pensez à ranger cet album de face.

[1] Lire présentation sur le site de Michael Attias

Ainsi que le portrait dans Citizen Jazz

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