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Jazz à Paris
24 septembre 2013

Ping Machine Encore - play ity loud !

Ping Machine Neuklang NCD4072Ping Machine 26 sept 13

D'abord, d'abord !
D'abord il y a ce choc des matières sonores, qui déploient de larges spectres, des paysages circulaires observés d'un point haut. Les oreilles ne savent où se poser tant les chatoyances, les irrisations sont multiples, avec des dynamiques dosées au micro-gramme.
D'abord, ces arrangements qui saisissent tant ils sont d'une précision nanométrique. Chaque éclat est d'une indispensable nécessité; chaque solo, chaque improvisation est enchassé dans une trame complexe parfaitement ajustée.
D'abord, des compositions à l'imaginaire saisissant.
D'abord, d'excellents musiciens.
D'abord, d'abord ... : on est simultanément percutés cette débauche de chocs affectifs, qui suraiguisent nos sens.

Retour aux compositions. Peut-être Fred Maurin est-il amateur de science fiction, peut-être pas, mais on y retrouve ce "sens du merveilleux", cette étrangeté qui fouaille le coeur et qui provoque des résonnances intimes.
"Encore", peut-être la pièce la plus ambitieuse, la plus belle, qui nous projette dans une atmosphère aux couleurs déconcertantes.
"Trona" qui nous plonge dans un univers d'apocalypse environnemental. Peut-être quelques vagues échos initiaux à la "Roue Ferris", sûrement une reconnaissance de notre dette à l'électroacoustique. Mais ce serait trop simple. Un pièce impressionante, avec un solo d'écorché vif de Fred Maurin.
Et cette bascule, dans "Grrr", vers l'univers cinématographique urbain : il n'y a pas que Miles. Je m'étonne que Fred Maurin n'ait pas encore un contrat dans une major company d'Hollywood.
Pourquoi ne pas rêver qu'un autre "Grand Format" (on n'en manque pas, et d'excellents) reprennent à son compte l'une de ces compositions, un peu commme certains "projettent" une oeuvre électroacoustique, parfois même devant le compositeur, voire à sa demande ?

De formidables musiciens, aussi ! On nous précise sur la pochette que tel mouvement comporte un solo qui de Julien Soro, qui de Quentin Ghomari, de Stefan Caracci, de Rafael Koerner etc. Solos passionnants. Mais c'est sans compter avec les pré-échos des autres musiciens qui préparent les couleurs, qui mettent en relief telle phrase, mais sans qu'on sache ce qui relève de la magie de l'instant ou de la savante élaboration en chambre.

Bien sûr, chacun peut avoir ses résonnances maximales. Les miennes vont vers la dernière séquence d'Encore, avec des cordes inouïes de Raphaël Schwab, et vers les souffles éraillés de Florent Dupuit dans la dernière séquence de Trona, avec Fred Maurin.
Petite focale sur Grrr que Guillaume Christophel ouvre aux accents d'une musique improvisée, des matières travaillées, pour fureter ensuite vers des paysages repérables, lyriques, en passant par des cris du plus pur free. Il adore son sax baryton et nous en fait goûter certaines de ses saveurs. Un marmiton curieux. Lalo Schifrin serait affreusement jaloux de l'orchestration de cette pièce. Mais ce serait trop simple. A peine accostant des terres connues que les rythmes se disloquent ... pour revenir en puissance.

Les trois compositions de ce disque offrent un très subtil équilibre entre trajectoires exploratrices et terres de reconnaissance. Une musique de "passeur" permettant d'ouvrir à des horizons très neufs sans déséquilibre traumatique. A faire écouter en cours de musique (s'il y en a encore).

Et vous êtes prévenus : il vous faut retrouver les conditions d'un concert et donc écouter ce CD à fort volume.
J'ai essayé, face à la montagne, loin de tout, sans réserve aucune pour l'amplification.
Soit donc vous vous procurez ce CD et vous l'écoutez fort, soit vous allez aux concerts de Ping Machine mais pas aux derniers rangs de la salle Pleyel : une petite salle serait conseillée; être invité au milieu de l'orchestre, avec vos quinze oreilles, serait sans doute meilleur; être dans la tête de Fred Maurin pour entendre en même temps les autres notes, celles qu'on ne sait pas encore transcrire avec une lutherie acoustique, serait l'idéal : un jour peut-être.

Le 26 septembre, au Studio de l'Ermitage, Ping Machine vous présentera en direct cette gemme.

Des extraits ? Sur le site de Ping Machine http://www.ping-machine.com/encore/

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Bastien Ballaz – trombone
Stephan Caracci – vibraphone, glokenspiel & percussions
Guillaume Christophel – baritone saxophone & bass clarinet
Jean-Michel Couchet – alto & soprano saxophones
Andrew Crocker – trumpet
Fabien Debellefontaine – alto saxophone, clarinet & flute
Florent Dupuit – tenor saxophone, flute, alto flute & piccolo
Quentin Ghomari – trumpet & flugelhorn
Didier Havet – bass trombone & tuba
Rafaël Koerner – drums, percussions & glockenspiel
Paul Lay – piano, fender rhodes & minimoog
Frédéric Maurin – guitar, percussions & direction
Fabien Norbert – trumpet, piccolo trumpet & flugelhorn
Raphaël Schwab – double bass
Julien Soro – tenor saxophone & clarinet

Compositions & arrangements : Fred Maurin

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Retrouvez toutes les chroniques "CD etc.".

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Commentaires
P
Curieusement j'ai mis "Fred P ...." sorte de lapsus involontaire... j'espère que Fred Maurin ne m'en voudra pas ... ya un concurrent que j'aime bien aussi... ;-) ;-) salute !
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P
;-) quand je commente... c'est toujours "senti" ! bravo pour ton boulot de suivi de l'actualité toujours nécessaire !
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P
Belle équipe ! et beau projet d'ampleur à soutenir !! sachant qu'audelà de 4 musiciens tout orchestre est facilement qualifiable d'utopique !!!<br /> <br /> Tous nos voeux a Fred P. son travail de compo et d'arrangement et ses équipiers !
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