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Jazz à Paris
25 février 2014

Quod : Foussat, Guérineau, McPhee

 

Quod pochette cd

Joe McPhee by Peter Gannushkin  

joe-mcphee-peter gannushkinPeu de papys du jazz ont choisi d'inclure dans leur groupe une voix exclusivement électronique.
Notons que Joe McPhee l'avait fait dès 1974 dans "Pieces of Life" (je crois), et Sylvain Guérineau aussi, en insatiable curieux. Il a, en effet, a mêlé son sax à de bien étranges bains sonores, en particulier, avec Jean-Marc Foussat avec qui il "répéte" inlassablement depuis des années, publiant ça et là quelques rares CDs de ce duo "Aliquid".
Sur le site de ces deux artistes, d'autres "répétitions", dont certaines avec Joe McPhee pour un trio baptisé "Quod", sorte de porte vers ... quoi ?
Oublions l'énigme du nom pour l'écoute de leur musique, leur dernier bébé, baptisé "Quod" (on n'en sort pas). Deux pièces, avec chacune deux titres, en français et en anglais, qui n'ont rien à voir entre eux. "Le désarroi du Coelacanthe" devenant "The Forbidden", "Le corps des larmes" pour "The Forgiven". De belles pistes de réflexion pour des kabbalistes en manque.

Quant à l'écoute, ce qui saute aux tympans est l'entente.
La complicité entre Foussat et Guérineau est profonde. Et la qualité de l'écoute, en particulier entre Joe McPhee et Sylvain Guérineau, vient à faire douter de l'origine des sons des sax. Pour tenter de se repérer, Sylvain Guérineau est à droite (c'est comme ça) et McPhee à gauche, sachant que Foussat, comme Dieu, est partout. Sauf que parfois, le ténor de Guérineau (moins souvent le sax de McPhee) est trituré en direct par Foussat qui le projette simultanément des deux côtés. Et quand le même Foussat ajoute à ses trames, ses textures, de purs artefacts voisins des sax, on est dans une confusion des sens qui dilate la porosité de l'écoute.
Ainsi dans Quod, c'est la musique collective qui fait sens, ce trio-instrument à la plasticité déconcertante.

Une double mention pour Foussat. D'une part, il a remisé ses rafales de projectiles électroniques pour des matières plus enchevêtrées, plus oniriques, plus sombres aussi. D'autre part, on imagine bien qu'il y a plusieurs Foussat à l'oeuvre simultanément : l'instrumentiste, le transformateur des sons des autres (Guérineau n'utilise pas de pédale électronique, et McPhee non plus, je crois), le projeteur de sons dans l'espace et l'homme aux manettes de l'enregistrement. Quand un chien aboie au lointain (19-20e minute de Forbbiden), il intégre, récupère et en fait une matière sonore pour plus tard (au tout début de Forgiven). On lui doit une belle part de la fascination que crée cette musique.
Un Joe McPhee parfaitement à l'aise dans cette musique d'Europe, n'hésitant pas à en rajouter en citant (créant) des segments  mélodiques aux couleurs de l'Angleterre des chevaliers (sur les deux pistes). Quant à Sylvain Guérineau, il délivre la quintessence de sa sensibilité. C'est dire.

Ce disque remarquable atteint des sommets, en particulier à partir de la moitié de la deuxième piste. La convergence entre les trois artistes devient bouleversante et nous emporte ainsi jusqu'aux rivages du silence.
Une superbe réussite.

On oublierait presque le quatrième homme, celui qui a pris sa plume électronique pour quelques lignes ou l'humour se mêle à l'évocation de l'histoire du jazz, Philippe Carles.
Et, quant au cinquième, "un grand merci à Julien Palomo de Improvising Records sans lequel ce disque n'aurait peut-être jamais vu le jour".
Le sixième c'est toi, complice des découvertes musicales, celui qui partage ces émotions, qui peut voyager là où aucune agence ne pourra t'emmener, celui qui fusionnera les paysages de Quod avec ceux enfouis dans les circonvolutions de ton cerveaux. Profite !

On ne va pas se quitter comme ça ! Un extrait musical d'abord, les premières minutes du CD :


Lien direct : http://youtu.be/aIJGeIS-Jm0  

et une image, de Sylvain Guérineau
(10 variations sur un dessin d'AppO) :

Sylvain Guerineau - dix variations sur un dessin d'AppO

 

 

Fou Records FR - CD 05

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