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Jazz à Paris
15 février 2021

Jean-Marc Foussat- Thomas Lehn « Spielgelungen »

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Cet album nous propose un duo de synthétiseurs AKS; il y est donc peu aisé de reconnaître qui joue si ce n’est par la couleur des espaces (et encore), par les discours, et par la voix du seul Foussat ... lorsqu’il l’utilise. Peut-être ceux qui assistaient au concert en 2017 à l’espace En Cours y parvenaient-ils sans difficulté.

Mais c’est sans importance. Il s’agit ici d’un double poème au long cours (plus d’une heure), qu’il vaut mieux écouter à fort volume pour en déguster le déploiement sonore.

On vous invite à partir sans savoir où, à larguer vos attaches, pour assister à l’émergence d’une aube d’où s’élève une voix comme suspendue. Puis des bourdonnements doux, des salves de bruissements, des brouillages, des craquements, des gouttes qui résonnent, des quasi percussions métalliques. Vous voilà embarqué, porté par un flux inconstant. L’intensité s’accroît, connaît des plages d’accalmie. Des gifles vous surprennent, des lacérations vous cinglent, des vrombissements, des paysages mouvants, éraflés, des ronflements. Au loin, une roue décentrée, l’esquisse de chants épuisés, comme raturés, qui tentent de se déployer au sein de brouillards erratiques, de particules en suspension. Une guimbarde, bien sûr. La mélodie esquissée, pervertie, d’une table de multiplication. Des clochettes énervées. Comme des paumes sur des peaux, des percussions, des craquements, des grésillements, des crépitements, des brasillements, toute une sidérurgie artisanale comme déglinguée, sans but, dotée de signaux qui n’alertent personne. D’autres images vous viendront, fugaces, issues des tréfonds de votre inconscient.

On distinguera plutôt des boucles, des échos, des pépiements répétés, des chants, des ruissellements  d’un côté; des brouillages, des mitrailles, des salves percussives, des braises qui crépitent, qui craquent de l’autre. Des deux côtés, des souffles, des grondements sombres et doux, des cornes de brume étouffées, des pulsations cardiaques, des moteurs lointains qui semblent tourner à vide. Ce voyage au long cour suspend le temps et nettoie notre cerveau des scories quotidiennes.

Et pour finir, des vagissements, des souffrances qui arrachent des plaintes d’un corps à bout, puis des souffles profonds et l’apaisement, un fond diffus. 

Vous pouvez reprendre à présent une activité normale.

Ce duo vous propose une très belle errance où rien n’est constant, où votre imaginaire se réveille loin des tracas du siècle. Vous ne trouverez pas cet album sur Bandcamp mais chez votre disquaire favori; il a hâte de vous retrouver. À l’intérieur de la pochette, deux photos, chaque musicien semblant scruter l’autre, complice, espiègle.

On évoquait ceux qui étaient présents... C’était le cas d’Annie Zivkovic qui a capté ce concert. La magie des incertitudes s’estompe un peu mais c’est un beau témoignage 

 

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