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Jazz à Paris
27 février 2017

"À la face du ciel" (Jean-Marc Foussat - João Camões; SHH022)

SHH022CD-COVER

Parmi la riche production des musiques improviséees, l'album "Bien Mental" (lire chronique) nous avait accompagné dans des espaces imaginaires inexplorés. Il réunissait Claude Parle (acc), Jean-Marc Foussat (synth) et João Camões (vla).
Sur cette belle impression, j'avais proposé l'écoute d'un trio emmené par João Camões "EarnNear"

L'album "A la face du ciel" nous propose de nouvelles voies avec le duo Foussat - Camões. Occasion d'entendre à nouveau ce jeune et impressionnant altiste, de découvrir les dernières pépites du "vétérant", Jean-Marc Foussat, et se laisser surprendre par leur interaction.
Deux pistes pour 45 minutes de musique.
"Suite pour la 3eme oreille" débute par des coups d'archet puissants, aux sonorités complexes, probablement traités en direct par son complice, et par des agrégats tout aussi complexes déployant leur masse d'une manière inexorable. Des élans romantiques émergent des violences de l'archet plus ou moins submergés par des couleurs interstellaires. Chacun de ces deux méta-univers, l'alto et le synthétiseur, semble poussr l'autre à puiser au plus profond de son inventivité musicale. Ils se retrouvent pour nous faire perdre nos quelques repères et pour nous offrir un rêve éveillé, puissant dès les premières notes, quasi cinématographique. Une sorte d'Aliens qui renverrait le scénario aux oubliettes pour se concentrer sur l'errance dans des espaces déconcertants où nous serions, nous, des étrangers, des intrus, des exclus. L'humanité tente de ressurgir dans des semblants de lamentations, perverties par les granulations numériques, ses ronflements, leur déploiement. L'archet, comme devenu fou, se heurte à tant de parois invisibles qu'il ne trouve d'issue que dans l'épuisement.
Fin de cette suite pour la troisième oreille. Impressionnante.

Le second titre de l'album "Mécanique verte" nous déroute tout autant, avec avec ses grandes vibrations métalliques initiales, plongées dans des masses sombres et indistinctes. Puis de nouvelles sources , des sortes de vagues, des ruissellements, des cordes pincées, des frottements mêlés de vibrations, un chant lointain, comme plaintif. Des moments ténus, à l'équilibre fragile. Des coups de boutoir sombres. Des émergences subtiles suivies d'ostinatos, véritables déchirures d'un magma sonore complexe. Une immersion dans les profondeurs de notre imaginaire avec ce mélange subtil entre chants, plaintes, résonnances mémorielles étranges et agrégats complexes, chaque musicien déployant ses filets sonores en accompagnement de l'autre, en un jeu complexe d'anticipation, d'inclusion, de recyclage.
Le silence qui suit nous laisse vide.
Foussat et Camões nous offrent là unne errance aux bifurcations multiples, imprévisibles, un pur poème qui aiguise notre imaginaire.
Ils prouvent, par là même, qu'en matière de musique improvisée, un plus un font bien plus que ce que nous disent les mathématiques élémentaires.
Ne surtout pas s'en passer.

 

Lire aussi la chronique (en anglais) de Grego Applegate Edwards

Camoes_Foussat_portugal_citescope

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